Par où commencer… le début me direz-vous…
Le début est tellement banal et pourtant tellement dramatique.

C’est l’histoire d’un petit garçon de 10 ans, Nicolas. En 1989, il a fini son CM2 péniblement non pas qu’il soit indiscipliné, non, il est juste comme beaucoup de garçons de son âge : il s’amuse et n’est pas très passionné par l’école.

Bref, septembre 1989, il entre en 6ème dans le collège publique imposé par la carte scolaire… la réputation n’est ni bonne ni mauvaise ! La rentrée se déroule « bien » pas de signes de l’école donc pas de nouvelle bonne nouvelle. Puis au mois de novembre Papa fouille le cartable, trouve une mauvaise note signée mais pas par lui ! Papa se fâche mais il n’a pas le temps de crier que Nicolas tombe dans les « pommes » !

Que se passe-t-il ? Papa et Maman cherchent, posent des questions et là c’est la chute…
Nicolas a des résultats déplorables, il sort de l’école car il oublie sa carte de cantine, commence à sécher les cours… après des examens médicaux, le bilan tombe il a 11ans et il est en plein stress aujourd’hui on dirait peut-être Burn-Out.

Maman prend un rendez-vous en urgence avec la direction :
“- Effectivement, madame, les résultats de Nicolas sont catastrophiques.
– Qu’allez-vous faire pour mon fils ?
– Il est trop jeune, il faut qu’il attende sagement et dès qu’il aura l’âge il pourra rejoindre une filière professionnelle.”

Rien, ils ne feront rien pour l’aider et le remettre sur la bonne voie.
Maman est furieuse, avec colère elle retourne le cartable de Nicolas sur le bureau :
“- Reprenez vos affaires et moi je reprends mon fils !
– Les Allocations familiales vous seront supprimées !”

Nicolas est soulagé, il ne retournera plus dans cette école.
Oui mais où aller, que faire d’un petit garçon qui n’a que 11 ans et toute une vie à construire ?
Pour Papa et Maman c’est une catastrophe.

Au bout du tunnel il y a toujours une lumière… pour nous la lumière ce fût Riaumont.
Maman entend parler d’une école, elle est hors-contrat, hors du temps, hors-tout mais les enfants y sont heureux et suivent un parcours adapté.

Avant Noël, Nicolas est allé passer 10 jours au Village d’Enfants de Riaumont. Il a été reçu par le Père Argouarc’h, celui-ci l’a prévenu que ce ne serait pas facile.
Nicolas n’a pas eu peur, il n’a pas été rebouté par les soutanes, la culotte de cuir, le scoutisme, au contraire il a adhéré de suite à tout ce que représentait Riaumont et au mouvement scout.

La rigueur, la discipline ont créé un cadre rassurant dans lequel Nicolas s’est épanoui et a grandi durant 5 ans. 5 ans de cours Hattemer, avec des notes plus ou moins bonnes, la persévérance a été salvatrice… les frères et les bénévoles faisaient office de répétiteurs et expliquez les cours, les explications étaient reprises jusqu’à ce que les notions soient comprises.

Nicolas a appris l’entraide, le soutien au plus faibles, ne pas baisser les bras, ne pas hésiter à recommencer. 5 ans qui ont été rythmées par les messes, les week-ends de retrouvailles, les camps scouts et de magistrale fête de la Saint Jean.

Mais surtout, Nicolas a repris confiance en lui. C’est l’équilibre de notre famille qui a été sauvée !
Nicolas a quitté Riaumont en février 1995. Il a eu son CAP-BEP, puis son Bac Technique Electro-technique, puis il est parti à Paris pour suivre un BTS d’Ortho-prothésiste. Riaumont lui a permis de se construire, de se réaliser alors que l’éducation nationale ne lui proposait aucun avenir ![…]

Alors que dire aujourd’hui à part MERCI !
Famille COINE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je suis Nicolas Coine, garçon de Riaumont de 1990 à 1995… je ne dirais pas ancien car nous ne quittons jamais vraiment Riaumont, Riaumont nous accompagne chaque jour de notre vie !

Voici mon témoignage :
Quand je suis entré en 6ème j’avoue que je n’aimais pas l’école, je n’aimais pas les devoirs mais j’aimais m’amuser. Très vite je me suis rendu compte que je n’arrivais plus à suivre, plus les jours passés et plus j’avais peur, peur de décevoir mes parents alors je n’ai pas su leur dire mes peurs et mes inquiétudes… jusqu’au jour où Papa et Maman se sont rendu compte du désastre !

Vous n’imaginez pas le soulagement que j’ai ressenti quand Maman m’a dit « On quitte ce collège et on va trouver une solution ! ».
Aujourd’hui, je suis papa de jumeaux et je me rends compte des problèmes et des inquiétudes que j’ai donné à mes parents…

Mes parents ont trouvé une nouvelle école mais la décision de l’intégrer me revenait… Alors, je suis allé « tester » cette école pendant 2 semaines juste avant Noël 1989.
J’ai tout de suite aimé cet endroit, il y avait de la joie, du réconfort et beaucoup de sérénité. Papa m’a dit « Tu as le choix, tu vas dans cette école ou on trouvera une autre solution… »[…]

En janvier 1990, j’ai fait ma rentrée au Village, j’ai commencé ma vie de scout dans l’escouade des Roland puis j’ai intégré la patrouille scout de l’« Aigle ».
Ma vie à Riaumont n’a pas été idyllique… les premières semaines ont été dures, c’était la première fois que je quittais le petit nid douillet de la maison et la bienveillance de mes parents.

Pour autant, je n’étais pas seul, mes proches m’écrivaient et puis il y avait la rencontre hebdomadaire du dimanche car moi j’avais la chance de ne pas habiter trop loin alors mes parents faisaient la route tous les week-ends pour me voir, ramenaient des gâteaux et des bonbons.[…]

A Riaumont j’ai appris à prendre des responsabilités, notamment avec le scoutisme, j’ai appris la débrouillardise, la maçonnerie, la vie à la ferme et tellement d’autres choses.

Ce qui est certain c’est que discipline ne veut pas dire maltraitance, rigueur ne veut pas dire manque d’indulgence et religieux ne veut pas dire manque d’écoute !

Ce dont je suis certain c’est que sans Riaumont et toute la communauté je ne serais pas devenu la personne que je suis aujourd’hui.

Nicolas Coine – « Scout un jour, scout toujours ! »

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