Après les fake news factuelles, continuons sur les stratagèmes de la désinformation.

 n°15 : la manipulation du principal témoin

Bruno Raout.

 

Les témoins de madame Delaporte ont, nous dit-elle, ce point commun d’être : “passés au fil de l’enquête du statut d’anonymes à celui de victimes. Ils ont fini par réaliser les dégâts provoqués par les violences subies.” C’est-à-dire que le boniment de l’auteur a « révélé » à des témoins anonymes (qui n’avaient jamais été conscients d’être maltraités)  qu’ils avaient été «victimes» de forces occultes et qu’il était de leur devoir de dénoncer avec indignation.

Longtemps, je n’ai pas compris l’impact que Riaumont a eu sur moi. Mais finalement, maintenant qu’on en parle, je vois bien que tout mon caractère, mes colères, d’avoir subi tout ça, ça vient de là. ils ont bousillé tout le monde”.

Ixchel Delaporte, citant p. 82 Djamal.

C’est ainsi qu’elle a réussi à faire admettre à Djamal que Riaumont était la source de tous les maux de son existence.

Le même processus est encore plus manifeste dans le témoignage qu’elle extorque à son principal témoin, Bruno Raout, dont l’histoire douloureuse constitue le fil rouge de son roman noir.

Bruno a révélé quarante ans plus tard avoir été victime d’un viol en 1978 de la part d’un “pré-stagiaire éducateur novice” (p 18), affecté “à l’entretien de la ferme et des animaux” (p 271), dont la vocation religieuse ne s’est pas confirmée à Riaumont et qui est devenu prêtre plus tard, dans une autre institution.

Face à ce viol, comme à tous les abus qui auraient pu être commis dans l’histoire déjà longue du Village d’enfants, notre position est claire :

La justice enquête sur des abus sexuels qui auraient eu lieu au Village de Riaumont. Nous sommes pleinement solidaires des enfants victimes de ces exactions épouvantables dont nous craignons qu’elles soient bien réelles. Nous prions pour eux. Nous souffrons avec eux. Nous comprenons parfaitement qu’ils puissent nous en vouloir de ne pas avoir su éviter ces crimes par une vigilance plus efficace et même qu’ils nous soupçonnent de les avoir connus et cachés. La justice rendra son verdict que nous attendons avec sérénité.

(mars 2022)

Le propos de madame Delaporte aurait pu être de traquer le responsable de ce viol, dont elle nous apprend qu’il a récidivé depuis, pour éviter qu’il ne fasse d’autres victimes. Mais elle vise en fait un tout autre but, malhonnête celui-là, qui est d’ exploiter cyniquement ce viol pour dénigrer le Village d’Enfants dans son ensemble.

A– Elle réduit les dix années de pensionnat de Bruno à ce viol ; ce qui est évidemment injuste.
B– Elle prétend que ce viol a été connu du Père Revet et caché ; ce qui est faux et délibérément mensonger.
C– La façon dont procède Ixchel Delaporte pour retourner Bruno contre Riaumont est assimilable à un véritable lavage de cerveau, qui l’amène à renier ses meilleurs souvenirs et ses certitudes antérieures.
D– Cette contrefaçon de psychothérapie, fondée sur un scénario idéologique mensonger, enfonce Bruno plus profondément encore dans son mal-être.

 

A- Dix années de pensionnat :

“Pour Bruno, le 31 mars 1969 [date de son arrivée au Village d’Enfants] marque le début d’une lente descente aux enfers dont il ne s’est jamais tout à fait remis”.

Ixchel Delaporte, p.27

“Descente aux enfers” est une expression peu propice à l’analyse rationnelle et objective que présuppose la présente enquête. Quatre données internes du texte prouvent que cette expression déforme gravement la réalité. On nous pardonnera de ruiner le suspense savamment entretenu par la romancière tout au long de son récit pour donner au lecteur un aperçu chronologique cohérent de la réalité, plus propice à la réflexion critique :

    •  1- La petite enfance de Bruno, antérieure à son placement à Riaumont (p.22-26) n’a pas été un “paradis”. Alcoolisme et violences répétées du père de famille, paresse de la mère, misère du logement, faim et froid, placement en famille d’accueil : ces calamités, dont on pourrait à bon droit dire qu’elles ont fait de sa vie antérieure un “enfer” ou au moins un “purgatoire”, ont précisément pris fin le 31 mars 1969 quand il est arrivé à Riaumont, à l’âge de six ans. Il est donc absolument faux d’écrire que “le 31 mars 1969 marque le début d’une lente descente aux enfers”. Ici, Ixchel Delaporte n’hésite pas à affirmer exactement le contraire du ressenti de Bruno qui, dans ses propos rapportés, dit de ses premières années à Riaumont : “Jusqu’à mes 7 ou 8 ans, ça a été mes plus belles années” (p.270).
    • 2- La violence à Riaumont : L’auteur, peu portée sur les éloges quand il s’agit de Riaumont, reconnaît à contre-cœur  que Bruno a été “à peu près bien traité” à Riaumont (p.27), et en tout cas “préservé des violences physiques” (p.47) pendant toute la durée de la présence de son frère aîné, Dany. Nous autorisera-t-on à parler alors de “paradis” par rapport à sa petite enfance ? Le frère de Bruno, Dany, soutien fidèle du Village de Riaumont, ne dit pas le contraire pour sa part. Madame Delaporte lui reproche (p.46) de dresser de sa vie au Village un tableau “idyllique“. Or Dany n’a quitté Riaumont qu’à sa majorité légale en 1974 et a demandé au Père Revet de bénir son mariage dans la chapelle du Village. Il a toujours insisté pour que ses frères bénéficient à Riaumont de l’éducation qu’il y avait lui-même reçue. Le “paradis” aura donc duré, au minimum de 1969 à 1974, cinq années, essentielles dans la maturation psychique d’un enfant.
    • 3- Une première agression ? : Au lendemain du départ de l’aîné protecteur, aurait eu lieu une première agression racontée deux fois (p. 48 et p.270) : “Un jour, André D. s’est jeté sur moi (…) en me menaçant que maintenant que mon grand frère Dany était parti, je n’allais plus rigoler.” Cela confirme bien que son existence immédiatement antérieure était sereine. Le caractère sexuel de cette empoignade est pour le moins discutable. Mais pour le mettre en valeur, dans l’élan de son récit et captive de son propre suspense, notre romancière oublie son mensonge de la page 27 et écrit avec emphase (p.48) : “Ce fut la première agression sexuelle, le premier traumatisme vécu par Bruno. Le premier d’une longue série qui ira crescendo.” En admettant qu’elle dise la vérité page 48, (et nous verrons bientôt que ce n’est pas le cas)[1]Il est difficile, dans ce bref commentaire, de faire justice en détail de tous les mensonges contenus dans le texte de madame Delaporte. Seul le commentaire de l’intégralité de son roman … Continue reading, on pourrait comprendre qu’elle présente ce “premier traumatisme” comme “le début de la descente aux enfers“. Mais on est de toute façon contraint de constater qu’elle mentait alors à la page 27 !
    • 4- Le viol subi par Bruno arrive (p.271) trois ans plus tard… “La date exacte, le mois… je n’arrive pas à me souvenir. Je devais avoir autour de 14 ans.” Nous sommes donc en 1978. La véritable “descente aux enfers” est consécutive à ce viol, ou plus exactement, selon le témoignage de Bruno (relaté p.274), elle commence après un épisode fort scabreux qui a eu lieu “quelques mois plus tard“, lors d’un déplacement à Paris, hors encadrement de Riaumont, chez un auteur de romans de la collection Signe de Piste :
  1. Arrivé chez lui à Paris, il nous a fait poser nus et nous a montré des centaines d’images d’enfants à poil. C’était pornographique. Après, pour moi, c’est le trou noir. Je ne me souviens plus de rien, sauf du retour en train à la gare du Nord. J’étais mal. C’est là que j’ai commencé ma lente autodestruction.

    Ixchel Delaporte citant, p. 274, Bruno.

    Quand Bruno parle sans le filtre de son gourou, le récit redevient cohérent. On peut affirmer qu’une “descente aux enfers” a commencé en 1978 ou en 1979, en dehors de Riaumont, quand Bruno a 14 ou 15 ans.

    Remarquons que ce mensonge de la page 27 n’est pas anodin. Il ne se réduit pas à l’emploi prématuré dans le récit d’une formule compassionnelle, mais il constitue un élément essentiel de la stratégie de calomnie d’Ixchel Delaporte. Présenter l’arrivée à Riaumont de Bruno Raout, à l’âge de six ans, ” le 31 mars 1969 ” comme le ” début de sa descente aux enfers” relève d’une volonté délibérée de réduire tout son séjour à Riaumont au crime commis huit ans après cette arrivée ! Réduire mentalement les dix années de son enfance et de son adolescence à un viol qui n’a rien de commun avec elles, lui arracher ses “plus belles années” (p. 270) au profit… du vide d’une autre existence fictive ; cette stratégie est dévastatrice pour Bruno.

    Mais qu’importe pour Ixchel Delaporte si par là la figure du Père Revet peut être jetée dans la boue. Tout le reste de son ”enquête” que nous suivons ici pas à pas consiste en une emprise psychologique extrêmement malsaine de sa part comme sur le malheureux Bruno pour l’amener à renier ce qu’il appelle lui-même ses “plus belles années”, et à retourner contre le Père Revet et contre Riaumont le ressentiment légitime qu’il éprouve à l’égard de son tortionnaire.

     

    B- Un viol connu et caché ?

    L’élément essentiel de cette stratégie est donc l’affirmation diffamatoire de la page 18 selon laquelle le Père Revet, conscient du viol subi par Bruno en 1978, s’en serait fait complice en le dissimulant et en protégeant l’agresseur. Nous verrons (p. 269) comment Ixchel Delaporte, au terme d’un impitoyable lavage de cerveau, finit par en persuader Bruno lui-même !

    L’affirmation brutale (p.18) qui veut que les “violences sexuelles commises contre Bruno” aient été “connues de tous” est une grave calomnie, clairement démentie par l’interview donné par Bruno en personne sur Kita.media et dont voici la transcription :

  2. “Je m’appelle Bruno et je vais vous parler de mon enfance à Riaumont… c’était un foyer ou on plaçait par rapport à des juges des enfants des enfants qui avaient des problèmes familiaux… C’était tenu par le père Revet directeur qui était prêtre…”

    Vous avez subi des violences ?
    “Pas tout petit parce que c’était moins violent à ce moment-là, quoi. Mais en grandissant la violence arrivait. Des violences ça pouvait être aussi bien psychologique que physique. La violence est multiple. Coups de pied, de rangers, ça pouvait être ceinturon avec la boucle, ça pouvait être du martinet, des coups de poing ; tout ce qu’il fallait faire pour eux c’était de nous garder dans les rangs. Mais ça vous le comprenez pas tant que vous êtes pas sorti de là, quoi.”

    Jusqu’où ces violences sont elles allées ?
    “Alors ça commence à la ferme en fin de compte. C’était à la grange. Comme beaucoup d’autres de Riaumont la ferme c’était notre refuge, on va dire. L’âge ? Je devais avoir 13-14 ans. Ça a commencé on va dire en jeux. Ya pas eu d’agression tout de suite, quoi. C’était un religieux, il était frère ; il était pas prêtre. Et après il a commencé à me ceinturer à m’embrasser. Et après pour se faire pardonner il fallait que je le fouette donc il enlevait le haut de sa soutane je prenais son ceinturon… Je le tapais. Voilà. Et un jour il m’a violé.”

    Pourquoi ne pas en avoir parlé ?
    “En parler… vous allez en parler à qui ? [rire]…

    Au Père Revet ?… Non. [rire

    En parler aux copains ? Non [rire]

    En parler à mon frère ? Non.

    En parler aux éducateurs ? Non plus ;

    il faut comprendre qu’à Riaumont… on ne balance pas [rire]. Que toute personne qui balance peut le payer très cher. Il fallait que je me taise et que je rentre dans les rangs donc j’ai répondu « oui » à tout pour éviter d’avoir les foudres des éducateurs parce que c’était ce que Philippe P. m’avait demandé : de rentrer dans les rangs et de ne plus parler de ça donc le l’ai fait et puis voilà…”

    Bruno dénonce les méthodes abusives du pensionnat de Riaumont. – KITA

    On ne saurait donc être plus clair : Le Père Revet ne savait rien de ce viol car Bruno n’avait rien dit à personne. Et l’explication qu’il donne de son silence ne tient pas devant le témoignage de Daniel Devergnies (p.73) qui, abusé à 11 ans par un stagiaire pédophile de l’école d’Educateurs Spécialisés de Lille, s’est plaint au Père Revet qui a aussitôt dénoncé le criminel à la justice et obtenu sa condamnation. Bruno aurait par ailleurs pu dénoncer ce viol à l’un des membres laïcs de l’encadrement, titulaires du diplôme d’éducateur spécialisé : Guy B., Paul C., Claude B. ou Jacques M.. Or il dit dans cette interview qu’il n’en a rien fait.

    Nous ne voulons pas jeter pas la pierre à Bruno ; il est certainement très difficile à une victime de parler ; mais rejeter sur le Père Revet la responsabilité de ce silence est objectivement une injustice ; et surtout, de la part de Ixchel Delaporte, une calomnie délibérée.

     

    C- Un lavage de cerveau :

    La façon dont Bruno finit par admettre la version de son gourou relève du lavage de cerveau :

    J’ai toujours eu l’impression d’être un serpent qui muait depuis que j’ai quitté Riaumont. J’enlevais des peaux et des peaux. On était des guerriers. Ils voulaient à tout prix qu’on soit des hommes, j’en suis pas encore un. Si c’est ça être un homme… À Riaumont, je n’y ai jamais trouvé ma place, donc je suis mal reçu. Tout ancien dira à Riaumont que tout se sait. Le père Revet savait, Jean-Paul Argouarc’h aussi. C’est là-dessus que j’ai été naïf ”.

    Ixchel Delaporte, citant p.269 Bruno Raout.

     

    Bruno, sorti de sa prétendue “naïveté”, est maintenant formel : Le père Revet savait, Jean-Paul Argouarc’h aussi. C’est-à-dire que sous l’emprise de son gourou, il finit par admettre ce qu’il n’a aucune raison objective de croire, ce qu’il n’avait jamais imaginé pendant quarante-et-un ans, ce qu’il a encore démenti dans son témoignage de 2021 devant Kita media ; mais que Ixchel Delaporte martèle sans apporter de preuves depuis le premier chapitre de son réquisitoire pour les besoins de sa thèse : les “violences sexuelles subies par Bruno” étaient “connues de tous” (p.18).

    Bruno ne pouvait dire plus clairement qu’avant son lavage de cerveau il était “naïvement” persuadé que ni le Père Revet, ni le Père Jean-Paul Argouarc’h, ni aucun autre membre de l’équipe éducative du Village de Riaumont n’étaient au courant du viol qu’il avait subi… pour la simple et bonne raison qu’il était le seul à pouvoir la dénoncer et qu’il ne l’a pas fait. Tout comme son frère Dany qu’il ne contredisait pas lorsqu’il répond en 2022 par la négative à la question que lui pose Ixchel Delaporte :

    Pensez-vous qu’il [le Père Revet] ait été au courant de l’affaire de [du viol subi par] Bruno ? ”

    “Non, pour moi, le père Revet n’aurait pas protégé celui qui a abusé de Bruno.”

    Ixchel Delaporte, p.44 interviewant Dany.

    Et comment le Père Revet aurait-il eu connaissance du crime puisque Bruno ne l’a dénoncé à personne jusqu’au reportage de M6 en avril 2019 (p.41) ? On peut soutenir que Dany avait tort et qu’il était lui aussi “naïf ” ; et c’est précisément ce que Delaporte a brillamment réussi à faire admettre à Bruno. Mais on ne peut penser qu’avant l’intervention de Delaporte Bruno lui-même reprochait au Père Revet et au Village de Riaumont dans son ensemble d’avoir couvert Philippe P.. Le camarade Boudarel[1] peut dormir en paix dans les limbes staliniennes. Il a en Ixchel Delaporte un successeur de grand talent, capable comme lui d’obtenir les “témoignages” conformes à la ligne du Parti. A ceci près qu’elle aurait dû peaufiner un peu plus le récit de son exploit, qui laisse trop voir sa technique. Car le nouveau Credo du malheureux Bruno repose sur une certitude de base bien fragile : “Tout ancien dira à Riaumont que tout se sait” (p.269). Principe fumeux dont nous dénonçons la rationalité pour le moins problématique.

    Il aura donc fallu neuf mois pour que Bruno… accouche aux forceps de sa toute nouvelle certitude : oui, vraiment :

    “Le chemin de la libération de la parole” est “long et escarpé”.

    Ixchel Delaporte p.366.

     

    D- La guérison de Bruno :

    Nous avons vu précédemment ce que recouvre la notion de “Libération de la parole” pour Ixchel Delaporte :

    “J’ai pu assister à l’évolution de plusieurs anciens dont Bruno, Djamal, Philémon et Félicien… Ces quatre ex-garçons de Riaumont ont pris conscience en même temps que moi de la puissance et de l’imbrication des réseaux intégristes et politiques… Avançant à des rythmes différents, ces quatre hommes sont passés au fil de l’enquête du statut d’anonymes à celui de victimes. Ils ont fini par réaliser les dégâts provoqués par les violences subies”.

    Ixchel Delaporte p.366.

    Aussi est-ce sans surprise que nous retrouvons dans la bouche de Bruno des bribes confuses du discours complotiste que son gourou lui a inculqué :

    Riaumont a tissé tout un réseau. Et on se retrouve en croisade, malgré nous, pour eux”, analyse-t-il.

    Ixchel Delaporte, citant p.366 Bruno.

    Ce n’est pas bien sûr Bruno qui “analyse” mais bien Ixchel Delaporte, qui nous renseigne d’ailleurs -avec une autosatisfaction fort imprudente- sur ses techniques d’approche :

    “Je reste en contact régulier avec Bruno… Et plus nous conversons, plus j’entre dans son univers dans lequel il ne cesse de se débattre… Il me vouvoie. Je le tutoie. Il voudrait bien me faire confiance. Au bout de trois mois, nous nous sentons aptes l’un et l’autre à plonger ensemble dans cette période trouble. Le temps qu’il faudra… Je lui propose de nous engager dans l’écriture d’un livre sur le Village d’enfants de Riaumont. Son fantôme, sa hantise. Il en fait le vœu, prêt à remuer le couteau dans ses entrailles jusqu’à l’extraire, puis tenter de panser ses plaies, les refermer et n’en garder, au pire, qu’une grosse cicatrice. Bruno a des trous de mémoire, des problèmes à résoudre. Il compte sur moi pour remettre de l’ordre dans son parcours chaotique à la lumière de la nébuleuse riaumontaise. Je compte sur lui pour me guider dans une société religieuse méconnue, me traduire ses codes et ses lois propres”.

    Ixchel Delaporte p.20.

    Il compte sur moi… Je compte sur lui” : Très ambigu « marché »… de dupe ! Bruno Raout aurait besoin d’un psychiatre professionnel, honnête, prudent et délicat. Delaporte a besoin d’une marionnette pour exécuter son numéro de ventriloque. Ce n’est pas aux journalistes d’investigation de panser les plaies des victimes d’abus sexuels. On approche de l’exercice illégal de la médecine.

    Le phénomène d’emprise est clairement décrit. Le gourou s’y prend bien. Ixchel Delaporte a trouvé Bruno Raout fragilisé par un traumatisme profond. À elle de jouer : à elle de pénétrer par intrusion patiente dans l’intimité de sa victime, d’entrer dans son univers , d’établir une relation asymétrique de domination dans laquelle elle le tutoie alors qu’il la vouvoie, de capter sa confiance, d’exacerber son fantôme, sa hantise, de remuer le couteau dans ses entrailles, c’est-à-dire de violer une seconde fois son enfance pour la salir toute entière. À elle de convertir la rancœur bien compréhensible que Bruno éprouve contre son agresseur en haine d’une institution qu’elle veut dénigrer. A elle de couper les liens qu’il a toujours entretenus avec le Village de son enfance, où il a encore récemment passé deux semaines de retraite, à un moment de profond désarroi :

    “J’étais tellement mal que j’ai décidé d’aller passer deux semaines au Village pour faire une sorte de retraite”.

    Ixchel Delaporte, citant p.45 Bruno.

    Aurait-il, comme tant d’anciens, choisi le Village pour s’y ressourcer, s’il n’était pas le lieu où il avait été si longtemps heureux et écouté, au temps de ses “plus belles années” ?

    Pour assurer son emprise, Ixchel Delaporte s’évertue donc à semer la division :

    “En 2019, après son témoignage livré à la télévision, Bruno devient un traître pour le Village”.

    Ixchel Delaporte p.45

    Affirmation absolument gratuite, qui n’est logique qu’à travers le prisme stalinien de l’auteur… Riaumont ne pratique pas les purges bolcheviques. Delaporte peut-elle citer une seule déclaration d’un seul membre de la communauté qui irait dans ce sens ? Certes non ! Dénoncer, même tardivement, un viol, qui a vraiment eu lieu, ce n’est pas trahir le Village, c’est le défendre au contraire. Par contre, accuser le Père Revet (et le Père Argouarc’h) d’avoir « couvert » le crime nécessiterait un minimum d’argumentation… désespérément absente de ce livre !

    Bruno n’est pas un traître. C’est une victime de Philippe Peignot… et de Ixchel Delaporte !

    Ce chemin tortueux de l’exploitation de la parole dans lequel Ixchel Delaporte implique malhonnêtement Bruno est radicalement destructeur pour lui. Loin d’être la psychologue avertie qui panse délicatement les plaies et reconstruit le psychisme de son patient, Ixchel Delaporte est l’idéologue qui exploite de façon éhontée son mal-être pour faire triompher une thèse. Ecoutons-la s’apitoyer sur son témoin, pour obtenir la condamnation, non pas du coupable du viol, mais de l’Institution de Riaumont :

    “Aujourd’hui, Bruno est malade. – Malade de savoir que Philippe P a réussi à échapper à la justice. – Malade de savoir que les responsables de Riaumont n’ont pas déposé plainte – et l’ont même recommandé au séminaire d’Écône de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X”.

    Ixchel Delaporte p.275.

    Avec une délectation perverse, Ixchel Delaporte autopsie sa propre victime et se dit qu’elle a bien travaillé. Les trois causes qu’elle trouve à cette maladie sont directement liées à l’emprise qu’elle exerce sur Bruno. C’est elle qui lui a mis en tête les trois contre-vérités qui le tourmentent en vain :

    •  Il est vain de reprocher à la Justice de ne pas avoir puni quelqu’un qu’on n’a pas osé dénoncer.
    •  Il est faux de dire que Riaumont a caché un crime dont seul Bruno avait connaissance.
    •  Il est faux de penser que Philippe P. avait besoin d’une recommandation de Riaumont pour entrer à Ecône.

    La guérison de Bruno lui viendra le jour où il saura regarder la vérité en face :

    •  Il doit assumer courageusement les conséquences négatives de son trop long silence.
    •  Il doit arriver à dire ce qui s’est passé à Paris, où il situe lui-même le début de son “auto-destruction” (p.274).
    •  Il doit prendre conscience de la perversité de la journaliste à qui il a bien imprudemment accordé sa confiance et entreprendre une thérapie avec un praticien professionnel.

    Il n’y a que la vérité qui puisse panser les plaies.
    La Vérité vous rendra libres” (évangile selon Saint Jean 8-32).


    autres stratagèmes de la désinformation :

    • intox n°11 anachronisme  : emploi fallacieux du terme “sévices”.

    • intox n°12 : psychologie de bazar : le Syndrome de Stockholm.

    • intox n°13 : obsessions du complotisme.

    • intox n°14 : “Libération de la parole” par prise de conscience politique.

    • intox n°16 [à suivre]• intox n°17

    Trop de mensonges et de 𝐅𝐚𝐤𝐞 𝐍𝐞𝐰𝐬 !..

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References

References
1 Il est difficile, dans ce bref commentaire, de faire justice en détail de tous les mensonges contenus dans le texte de madame Delaporte. Seul le commentaire de l’intégralité de son roman noir, paragraphe par paragraphe, pouvait venir à bout de la tâche. Il est en cours d’achèvement et constitue un ouvrage à part entière, intitulé “Les Enfants Martyrs de Riaumont. Autopsie d’un procès stalinien“, prochainement disponible en ligne.