fleur F6✿22

bit.ly/livredelaforet

(voir avant la fleur F6✿21 : Bon débarras)

bouquet du dindon / F6✿20
✔ fleur F6✿22 : Monsieur le Prince…

Passait justement par là un Dindon vaniteux qui lui sembla un hôte bien commode. « Si tu me laisses monter, Glouglou, nous ferons équipe ensemble, et tu verras que tous les autres animaux te craindront, à cause de ma morsure ».

« Mais Pour qui me prenez vous, petit animal de rien du tout ? fit le Dindon en gonflant son plumage et secouant sa crête . Apprenez, misérable puce, que je ne suis pas né comme vous dans l’obscure poussière.

Et qui vous as permis de me traiter de glouglou ?Je porte le titre de “Monsieur le prince des hautes et basses-cours, à panache emplumé et jabot flamboyant, unique en son genre”… »

En entendant cela, Lith se garda bien de le contrarier, car elle sentait quel parti elle pourrait tirer d’un tel orgueilleux.

« Monsieur le prince des hautes et basses-cours, à panache emplumé et jabot flamboyant, unique en son genre”… Ce sera en effet votre titre, pour la postérité !

Mais il faut pour cela qu’on vous craigne, messire. Or je vous apporte une arme secrète et invisible. Je fais partie des animaux capables de marcher sur la tête, et qui piquent jusqu’au sang leurs victimes.

Si vous m’adoptez, sur tous ceux qui oseront vous tenir tête, je bondirai en les mordant si bien qu’en peu de temps toute la basse-cour vous prêtera hommage ».

Et c’est ainsi que le Glouglou établit rapidement sa domination tyrannique sur les autres animaux de ses alentours.

Nul n’osait plus se plaindre, face au racket de la puce, et tout le monde baissait la tête au passage du gros Dindon.

Les canards terrorisés, comme toute la basse-cour, finirent par s’incliner. Personne ne voulant avoir d’ennui, et n’osant s’en plaindre. Même Pique la hérissonne qui, avec son armure de piquants, ne peut s’y opposer.

Faites place à “Monsieur le prince des hautes et basses-cours, à panache emplumé et jabot flamboyant, unique en son genre”. Il a le droit de boire en premier ! Et malheur à l’effronté qui prétendrait s’y opposer. Il aurait vite la puce à l’oreille…

La tristesse avait fini par s’abattre sur tout les voisins. Même les jeux de l’oie ne suffisaient pas à dérider la basse-cour

« Trois voyelles, sans consonne,
en français composent mon nom,
et je porte sur ma personne
de quoi écrire sans crayon »
Avez-vous compris de qui il s’agit ?

Un morne silence régnait quand s’avançait le Dindon et sa puce racketteuse.

Même madame la Dinde, elle qui était si bonne mère (toujours prête à adopter les œufs abandonnés par des oies) en perdait la boule.

« Où niche la poule? La poule niche bas…
Où niche la pie ? La pie niche haut !
Où niche l’hibou ? L’hibou niche ni haut ni bas…»
Était-ce du russe ou du français ?

Rien n’y faisait, le racket de la puce avait tué la bonne ambiance d’autrefois. Plus personne ne goûtait ces jeux de mots. Comment faire ?

Même Chanteclerc, le coq autrefois si fier, baissait la crête et se taisait. Il fallait en parler à quelqu’un. Mais qui oserait briser la loi du silence et affronter le courroux du Glouglou ?

« Qui a osé encore employer ce nom ridicule ? Je ne veux plus entendre parler de Glouglou, hurla le dindon empourpré de colère, et tout rouge de gueules. Sachez que désormais vous avez devant vous “Monsieur le prince des hautes et basses-cours, à panache emplumé et jabot flamboyant, unique en son genre” !… »

En désespoir de cause, Chantecler alla se confier à Zakou, dont il pressentait qu’il serait de bon conseil.

« Moi je n’ai aucune envie d’attraper des puces avec ma belle fourrure, déclara le petit écureuil, qui tenait toujours bien propre sa robe rousse.

Je comprends pourtant votre embarras, et il faut faire cesser ce racket en donnant une bonne leçon à ce dindon qui vous terrorise. Mais, comme vous, je ne me sens pas de taille à l’affronter. »

«Si j’ose t’en parler, c’est que je croyais que tu était mon ami. Peut-être pourrais-tu demander conseil à la sage Philothée, la chouette qui t’a toujours bien aidé ? »

« C’est vrai. Bonne idée ! Elle n’est sûrement pas loin, je l’ai encore entendue hululer hier soir. Allons la chercher, elle ne doit pas être loin du grand cèdre bleu. »

voir ensuite
fleur F623 Philothée entraîne Zakou à refuser la fatalité de ce racket
fleur F624 Le Glouglou vaniteux dialogue avec l’écho dans un trou où il va tomber.
fleur F625 Il lui faudra renoncer à sa superbe et accepter l’humiliation pour en sortir.

bit.ly/histoiresforet