Le Musée présente beaucoup d’objets émouvants préservés de l’oubli et de la destruction par la Père Comby. Autrefois connu sous le nom du “Musée du Souvenir” conservant les reliques des prêtres soldats de 1914 – 1918 dans la crypte de l’Église des Saints Anges Gardiens de Saint-Maurice, ce fonds a été transmis par la paroisse au Père Alain comme cadeau d’ordination. Depuis nous y avons rajouté une partie des objets que nous avait laissés le Père Revet.
Tout ici nous parle de la Foi.
C’est d’abord la chasuble de prêtre-soldat, dorée d’un côté et noire de l’autre, ornement qu’il suffisait de retourner pour célébrer l’office des morts, dès le lendemain de la trêve, trop courte, après les solennités de Pâques ou de la Nativité. On songe avec émotion à ces Messes de Minuit, célébrées dans la neige et le froid de part et d’autre du front.
Sur ces broderies dorées s’est posé le regard fiévreux de centaines de soldats. Français? Allemands? Des deux côtés on priait L’Enfant – Dieu pour que cessent un jour les combats meurtriers. Mais l’attaque du lendemain faisait sa moisson de victimes dans les rangs des fidèles d’hier. Chaque jour presque, le prêtre célébrait la Messe des défunts pour les combattants qu’il avait aidés à mourir dans les trous d’obus, sous le déluge de fer et de feu, au péril de sa propre vie. Un autel portatif identique à ceux qui furent utilisés dans les tranchées par les prêtres-soldats permet d’imaginer la célébration du Saint – Sacrifice dans des conditions précaires Un calice, gravé 1914 -1918 au lendemain de la guerre, rappelle l’action de grâc d’un prêtre survivant de cet apostolat terrible.
Une panoplie de plus de soixante croix de guerre décernées à des aumôniers militaires rappelle leur épopée magnifique qui souvent força l’admiration des incroyants eux-mêmes. À chaque croix correspond une citation d’aumônier. Épopée meurtrière puisque 4600 soutanes sont tombées dans les combats, prêtres, diacres, séminaristes dont le surplis fut trop tôt un linceul. Prêtres montant vers un nouveau Golgotha, traversant le champ de bataille, prêtres tombés en apôtres. Des photos et des cartes postales anciennes racontent la vie des aumôniers dans les tranchées. Un petit fascicule imprimé en écriture gothique livre les homélies d’un aumônier allemand.
Dans une petite vitrine, se trouvent divers objets ayant appartenu à un soldat canadien de Vimy : un morceau d’étoffe de sa veste, une pipe, un dictionnaire anglais-français, ses couverts, son chapelet. De nombreuses grenades et têtes d’obus (inoffensives) trouvés sur le front de Flandre et d’Artois mettent en valeur tous ces vestiges de la prière des poilus et parlent de la dureté des combats à l’imagination de nos visiteurs.
Un peu plus loin, des objets retrouvés dans le sol de Riaumont, lors des travaux de construction du Village, comme cette lampe à pétrole en cuivre, ces fusils tout rouillés, rappellent que notre colline de Riaumont s’est trouvée, trois ans durant, au cœur des combats. Ainsi ces reliques de la grande guerre ont-elles repris place sur les lieux mêmes de leur épopée. Le champ de bataille de Riaumont, devenu Village d’enfants, jardin de fleurs, havre de paix, est le reliquaire providentiel qui permet d’exposer ces objets au regard des enfants de France, afin qu’ils n’oublient pas.
Depuis les Feux de la Saint Jean 94, où le Musée fut présenté au public, c’est toujours le même intérêt et la même émotion qu’on lit dans les yeux de nos visiteurs, qui devant ces vitrines, se font pèlerins.
Il reste encore à restaurer les vitraux de la crypte de Saint Maurice, à mettre en place d’autres objets ayant appartenu à des prêtres de la seconde guerre mondiale et à des missionnaires, à développer toujours par de nouveaux apports cette collection déjà impressionnante.