Témoignage d’un éducateur, policier et père d’ancien à Riaumont.
J’ai connu le village de Riaumont à mes 20 ans, en 1972, par le biais du scoutisme. En 1976 j’étais au village jusqu’en 1978 comme éducateur laïc. En cette même année je me mariais et nous eûmes 4 enfants. Ces derniers sont tous passés par les guides et scouts de Riaumont. En 1996 survint le divorce avec mon épouse. Depuis 2005 je vis en concubinage avec la même personne, elle-même divorcée et mère de 3 enfants. Conjointement j’ai mené une carrière d’officier de Police à la Direction Centrale de la Police Judiciaire jusqu’en 2010.
Je suis catholique non pratiquant.
Jusqu’à ce jour j’ai toujours gardé le contact avec Riaumont.
Bien avant notre divorce nous avons rencontré de gros problèmes avec notre fils aîné, dés sa pré-adolescence. Plus un seul établissement scolaire n’en voulait. Il était en totale opposition à toute forme d’autorité. Il tournait même à la délinquance, influencé par des copains plus âgés de son lycée. Avec son accord, Riaumont a accepté de le prendre comme pensionnaire. Il y est resté 4 ou 5ans. Il n’était pas malheureux, s’occupant de la ferme et montant souvent à cheval. Lors de sa vingtième année il s’est inscrit au lycée maritime de Boulogne sur Mer, voulant faire sa vie professionnelle dans la pêche hauturière. Cela n’a pas marché.
Par la suite il est parti à l’aventure pendant des années aux quatre coins de l’Europe, subsistant par de petits boulots. Étant consommateur de cannabis depuis quelques temps, il en venait à prendre d’autres drogues. Ce n’est que récemment qu’il m’avouait avoir tout pris ; cocaïne, amphétamines, acides, crack, etc. Épisodiquement il repassait nous voir et faisait toujours un crochet par Riaumont.
A ses 30 ans il revenait dans la région de Lille, travaillant comme intérimaire du spectacle (régisseur de plateau), eut un enfant dont il se séparait de la mère après 2 années. Il se remit en ménage. En 2022 il quittait sa deuxième compagne. Cette séparation fut très douloureuse. Il était complètement désemparé, “au bout du bout”.
C’est ainsi qu’il est revenu à Riaumont où il a séjourné pendant une année. Il a maintenant 46 ans. Il a retrouvé un travail qui lui plaît. Il est apaisé et a repris confiance en lui. Il me dit qu’il a complètement arrêté ses addictions. Pour la première fois je le crois sur ce point.
J’éprouve une énorme reconnaissance envers les religieux de Riaumont. Ils ont toujours répondu positivement à nos demandes, sans la moindre exigence en retour.
En tant qu’éducateur, ainsi que parent de pensionnaire, je me permets d’apporter mon témoignage et mon soutien e ces moines face aux accusations dont ils font l’objet.
Ils sont catholiques traditionalistes !
C’est vrai. C’est interdit?
Ils ont des principes et, idéaux bien arrêtés, voire rigoristes!
C’est vrai. Mais ils ne forcent personne à les suivre. Il n’y a aucune grille autour de Riaumont.
Ils sont violents avec les enfants !
En 1974-78 il y avait une centaine de pensionnaires tous placés au village par la DDAS ou la Justice. Ce n’était pas tous des tendres. Moi même, une fois, je me suis fait “casser la figure” par l’un de 17 ans qui ne voulait pas prendre son tour de vaisselle. Je suis resté deux jours allongé avec la mâchoire démise.
Régulièrement je voyais arriver de nouveaux éducateurs qui établissaient immédiatement un rapport de copinage avec les garçons. Ceux ci ne les respectaient pas et aucun climat de confiance ne s’établissait. Ces éducateurs là quittaient très vite l’établissement. Gagner la confiance des enfants et ainsi avoir leur écoute est primordiale dans la mission de l’éducateur. Vu les codes de ces enfants, il fallait en premier lieu avoir leur respect. Alors oui, parfois c’était violent, mais sans jamais aller jusqu’aux sévices.
Lors de mes 10 ans, j’avais une institutrice qui, pour nous punir, nous demandait de lui présenter la main avec les doigts tendus sur lesquels elle donnait un grand coup de règlement. C’était douloureux. Pour nous ce n’était pas de la “violence” mais seulement une punition. Ainsi était cette époque.
Ces enfants ont subi de nombreux sévices sexuels ?
Je n’en ai jamais vu au village, ni même entendu parler de prés ou de loin. excepté le cas de Ph. P.. Je l’ai côtoyé à ce moment là. Je n’ai rien vu et encore moins soupçonner les crimes qu’il y a commis. Les faits dont il s’est rendu coupable sont les seuls sévices sexuels avérés perpétrés à Riaumont.
A l’issue de ma longue carrière d’enquêteur où pendant 32 ans j’ai traqué, interpellé, côtoyé nombre de délinquants et criminels dont des violeurs en série, des incestueux, des pédos-criminels… Je puis affirmer que s’il fallait fermer tous les établissements d’enseignement, publics ou privés, tous les centres culturels, tous les clubs sportifs, toutes les associations pour la jeunesse du seul fait que l’un de leur collaborateur ait commis des sévices sexuels sur un enfant, il n’y en aurait quasiment plus en France.
Ma confiance en Riaumont est demeurée intacte. Je déplore cette campagne de diffamation dont les religieux de la Sainte Croix font l’objet. Celle-ci est d’autant plus abjecte qu’il suffit d’entendre les très nombreux témoignages de reconnaissance des anciens garçons de Riaumont qui sont les seuls vrais juges en cette affaire.
A. F., 27 mai 2025.