fleur S4✿26

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(voir avant la fleur S4✿25 : La larve d’Azuré)

bouquet des fourmis / S4✿10

✔ fleur S4✿26 : défi pour une Coccinelle

Zakou aimait bien retrouver le soir Philothée qui l’attendait toujours sur sa branche. Ils parlaient de tout et de rien, de ce qu’il avait appris dans la journée. La sage chouette savait l’aider à tirer les leçons de son expérience.

l’appel des maïs

Quand l’écureuil lui raconta ce soir là ce qu’il avait appris sur ces drôles de parasites, la chouette lui dit qu’il existait encore bien d’autres histoires de larves et de papillons.

« Puisque tu parles de cette petite guêpe Ichneumon, sais-tu, Zakou, qu’elles entendent le cri des maïs à des kilomètres à la ronde quand ils sont attaqués par les dents de chenilles perforant leur tige ? »

« Quoi ? Les maïs peuvent crier et appeler au secours ? » s’écria Zakou fort étonné.

« Et oui ! Ce n’est pas parce que nous n’arrivons pas à parler leur langage que les végétaux ne communiquent pas. Il y a d’autres formes de langage, certes moins évolués, mais bien réels.
Le cri des maïs est une sorte de communication chimique capable de prévenir ces petites guêpes. Et elles reçoivent ce message comprenant : “des maïs nous appellent à la rescousse. L’odeur qu’ils émettent signale qu’ils ont été attaqués par des chenilles. Or ces bonnes petites chenilles on les connaît bien, nous les Ichneumon. Ce sont de celles qu’on aime parasiter à notre tour…”
« Et si ce ne sont pas ces chenilles qui ont attaqué le maïs.. » demanda Zakou.
« Si c’est autre chose qui les blesse, les maïs ne réagiront pas. Seulement si c’est la dent d’une chenille qui les perfore, ils dégageront rapidement une grande quantité de substances hautement indigestes pour l’herbivore. Une substance qui signale en même temps aux guêpes à des kilomètres à la ronde la présence de ces chenilles qui se sont invitées à venir pondre leurs œufs…”
“Ça, c’est bien joué” dit Zakou, qui ne se doutait pas de tant d’ingéniosité du côté des plantes.

La feuille de bouleau
“Le monde des parasites est sans pitié, continua Philothée. Les guêpes pirates se parasitent aussi entre elles…”

“Regarde par exemple cette feuille de bouleau avec une tache brune : c’est une larve de “tenthrède mineuse” -une guêpe herbivore- qui s’est glissée entre les deux côtés de la feuille, et s’est mise à la grignoter de l’intérieur !
« Ah je me disais bien que ces feuilles étaient malades… » reprit l’écureuil.
« Oui, mais une telle tache est facilement repérable. Cela signale sur la feuille la présence d’une larve intéressante pour plus de 15 autres espèces de guêpes pirates…
Par exemple, celle qu’on appelle la “Grypocentrus albipes” va accrocher son œuf à la tenthrède en train de se nourrir dans la feuille ! Elle attendra ensuite que la feuille tombe à terre et que la larve ait construit son cocon dans le sol, pour commencer à se développer sur le dos de son hôte.
Et c’est ainsi qu’à la fin de l’hiver, une petite guêpe minuscule émerge du cocon qu’elle avait tissé à l’intérieur de celui de son hôte parasité…”

D’autres plantes savent se transmettre un message d’alerte quand elles sont attaquées par des chenilles. As-tu déjà remarqué un de ces arbre comme le tremble, en forêt ? » demanda la chouette.

« Ces grands peupliers dont les feuilles tremblent au moindre souffle de vent ? » répondit Zakou.

« Oui c’est cela. Ces feuilles bougent facilement en raison de la forme particulière du pétiole. C’est aussi parce que les feuilles du tremble réalisent de la photosynthèse par leurs deux côtés, alors que les autres feuillus réservent la face inférieure aux échanges respiratoires.

Eh bien, les peupliers trembles peuvent aussi recevoir des odeurs insecticides émises par des rhododendrons nordiques (qu’on appelle aussi le « thé du Labrador ») quand ceux-ci sont attaqués par des chenilles.
A leur tour ils diffuseront un message chimique : les feuille de tremble fabriquant alors un cocktail répulsif qu’éviteront pucerons et coléoptères…

Les galles
« Sur un bourgeon de peuplier, continua Zakou, je me rappelle avoir vu comme une sorte de fraise bizarre… »

« Cela, continua à expliquer Philothée, c’est une gale de bourgeon, à cause de “cynipides”. On en voit aussi sur les églantiers : cela forme de curieuses boules poilues, rouges et jaunes.

Elles ont beau être toutes petites, ce sont bien là des guêpes. Comme dit le proverbe, “ne juge pas le grain de poivre à sa taille : goûte-le, tu verras comme il pique !”

Là, ce ne sont plus des Ichneumon mais d’autres petites guêpes qui ont élu domicile à l’intérieur d’une bonne réserve de nourriture, toujours pour la croissance de leur œuf.

Ces galles de bourgeons sont aussi très fréquentes sur certains chênes, vers le mois de mai. Tu as sans doute déjà remarqué ces “pommes de chêne”, en forme de billes ? Et bien ce sont des larves de petites guêpes “cynips” qui vont se nourrir d’aliments liquides prélevés à l’intérieur des parois des galles.

« On ne les voit jamais ces petites guêpes cynips ? » demanda Zakou.

« Les cynips ont été pondues dans ces bourgeons de chêne par une génération de femelles sans ailes, qui sont sorties des racines sous terre ! Puis quand elles ont fini de grandir dans la galle et que tu remarques un trou à la surface, c’est que l’insecte s’est déjà envolé…

« Ces petits trous sont donc toujours dues à des guêpes ? »

«  Non, il peut y avoir aussi d’autres parasites qui les perforent. Notamment les petits coléoptères charançons comme le Balanin, qui vient après y pondre ses oeufs, comme il le fait aussi dans les glands. Les larves de Balanin à maturité sortiront plus tard.

Il existe encore d’autres charançons comme le “cigarier”, dont les femelles découpent des feuilles et les roulent comme un abri pour leurs pontes. On l’appelle Cigarier car elles les replient en les roulant comme des cigares !»

« Une fois j’ai vu un arbre dont les feuilles étaient couvertes de petites galles » dit Zakou.

« L’exceptionnel, le monstrueux a devenir habituel par sa fréquence, lui fit remarquer Philothée, cela n’en devient pas normal ni acceptable. Les galles sont des maladies pour l’arbre.»

Il se faisait bien tard. Philothée lui dit qu’il était l’heure de se coucher, et que demain apporterait de nouvelles découvertes.

“Demain tu feras la connaissance avec Tybert le chat sauvage… Mais là, c’est une autre histoire ! ”

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