fleur T1✿15

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(voir avant la fleur T1✿14 : Automne autour du lierre)

bouquet de l’hirondelle / T1✿10

✔ fleur T1✿15 : hiver gelé

 
Les nuits se refroidirent fortement, et Madame-je-veux se trouvait bien seule désormais. De mauvaises pensées rongeaient le cœur de l’hirondelle vaniteuse. Ses caprices l’aveuglaient et la rendaient jalouse.

Un soir elle se mit même à interpeller la lune qui semblait sourire tranquillement dans le silence d’une froide nuit étoilée.

“Dis-moi Lune, tu ne trouves pas qu’il est injuste de luire seulement comme un astre d’argent, alors que cette grosse pastèque de soleil brille tout en or ?.. En plus, cet astre solaire flamboie au milieu du jour radieux, en réchauffant la terre, les arbres et les fleurs ; il est accompagné, lui, de mille papillons aux couleurs chatoyantes qui passent leur temps à se baigner dans l’azur de ses rayons.

Tu devrais être jalouse, toi la lune, qui n’est qu’un disque blême, éclairant à peine les voyageurs égarés la nuit. Toi que le moindre petit nuage avale ! Et toi dont les papillons nocturnes n’ont que de tristes couleurs d’hiver…”

Mais la Lune ne lui répondit rien, se contentant de continuer à sourire doucement. Bien qu’au fond d’elle même, elle plaignait sûrement cette malheureuse hirondelle, dont l’égoïsme aveuglait le cœur.

Et finalement, un matin d’hiver plus froid encore que d’habitude, alors qu’il gelait à pierre fendre, l’étang apparut tout de blanc vêtu.

« C’est curieux tout le monde m’imite, et veut s’habiller comme moi. Qu’est-ce que cela veut bien vouloir dire ? Mais ce n’est qu’un détail !»

L’hirondelle blanche s’aperçut alors que l’eau était devenue dure comme le sol. La petite avette avait donc raison, un bec aurait pu creuser la surface de l’étang gelé !
Et comme elle l’avait prédit, les insectes avaient tous disparus, l’heure de la famine était donc bien arrivée…

Du haut de son arbre, l’oiseau aperçut, furtive, une hermine qui avait changé de robe. Ce n’était plus la couleur brune de l’été, mais un pelage blanc comme elle. Immaculé… sauf le petit bout de la queue qui était resté noir.

Comme si on avait tenu l’hermine par cette extrémité, en la trempant dans un pot de peinture blanche ! « Tiens, encore un petit détail. J’en aurais des choses à raconter aux autres, quand elles reviendront. Si je les revois un jour…»

Même le grand sapin semblait grelotter. Sous la bise d’hiver, il frissonna de toutes ses aiguilles qui s’entrechoquaient, alors qu’il gelait à pierre fendre.

« … Si tu survis à ce froid de canard, et si tu ne meurs pas de faim !» lui dit une petite voix. Qui lui parlait ainsi, à elle qui se croyait seule ?

Ce coup-ci l’hirondelle blanche se demanda si elle n’était pas en plein délire. C’était peut-être la fin ? Mais non, c’était bien la petite voix d’un Muscardin qui lui parlait au pied de l’arbre, dans la neige.
 

voir ensuite
fleur T1✿16 dont les flocons de neige finiront même par la faire tomber de sa branche

 

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