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(voir avant la fleur T1✿15 : hiver gelé)
bouquet de l’hirondelle / T1✿10
✔ fleur T1✿16 : Tomber… comme la neige
« Mais que fais-tu là, petit rongeur ? Je croyais que tu dormais tout l’hiver bien au chaud au fond de ton terrier ? »
« Ah non, je ne suis pas un loir pour dormir comme cela tout l’hiver, sans jamais me réveiller, ni faire de provisions ! » dit Muscardin.
« Il m’arrive de me réveiller et de sortir. Tout comme Zakou d’ailleurs, que j’ai croisé tout à l’heure se demandant où il avait bien pu enterrer sa réserve de noisettes. Un drôle de jardinier lui, avec tout ces graines qu’il a enterrées… et oubliées ! Cela va nous faire plein de nouveaux petits arbres au printemps !
C’est lui qui m’a dit que tu n’étais pas partie avec tes parents migrateurs. Tu dois t’ennuyer un peu, toute seule pendant des mois ?
A vrai dire, moi aussi je voulais absolument voir cette neige d’hiver, si belle et si blanche. Regarde comme c’est beau ce manteau immaculé qui recouvre toute la forêt !
Et puis écoute, on n’entend plus aucun bruit. Les flocons qui tombent ont enseveli tous les sons habituels.
Cela fait longtemps que je rêvais de connaître cela. Que c’est beau une forêt sous la neige ! Cela vaut le coup de sortir un peu de son hibernation pour voir cela. »
« Tu ne t’es pas endormi comme les autres en automne ? » demanda Madame-je-veux.
« Si, mais il nous arrive, à nous autres muscardins de nous réveiller.
Je faisais des caprices avant d’aller me coucher. Je me rappelle la scène, un soir d’automne, quand mes parents m’appelèrent :
” Viens m’aider à porter les provisions dans la réserve, au lieu de rester planté là sans rien faire”, demandait ma mère.
“Et viens ranger ta chambre, dans le terrier. Tu ne vas pas passer tout l’hiver dans ce fourbi”, disait mon père.
“Allez hop, au lit ! C’est l’heure d’aller se coucher, il faut dormir jusqu’au printemps.”
“Mais je n’ai pas envie d’aller dormir, je veux rester debout jusqu’à l’arrivée de la neige…”
“Tu ne peux pas voir la neige disaient mes parents parce que tu dois dormir tout l’hiver; c’est obligé. Tous les muscardins le font !”
” Mais pourquoi ? ”
“Parce que, quand la nuit tombe tôt, les gens comme nous doivent hiberner ! C’est comme cela, que tu le veuilles ou non.”
“Mais pourquoi ? J’aimerais tant voir de la neige…” »
« Hé bien, tu la vois maintenant » reprit l’hirondelle blanche.
« Oui, parce que si j’avais fini par aller me coucher, j’en rêvais tellement que je me suis réveillé avec les premiers flocons.
D’ailleurs dès que je les ai vus de près, j’ai voulu en rapporter dans mon terrier, disait Muscardin. Or cette neige qui naît bien propre, meurt tout sale dans la boue !
Regarde pourtant comme c’est merveilleux ! Chacun est comme une petite étoile aux branches scintillantes. On dirait des bijoux de cristal, ciselés dans une symétrie parfaite, avec tant de finesse. Et tous différents, comme des pièces uniques.
J’ai voulu en rapporter un à la maison, pour montrer aux autres le trésor que j’avais découvert… mais je me suis retrouvé les mains vides ! L’étoile des neiges avait disparu, laissant à la place comme une larme humide.
Alors je suis reparti en chercher d’autres. Mais il en est tombé tant et tant depuis, que ma piste s’est effacée… et j’ai perdu la trace de chez moi !
C’est qu’il fait froid dehors. Je grelotte et je ne peux pas me creuser un igloo, comme ferait un tétras-lyre (le coq des Alpes). »
Il faudrait que je me trouve un sapelots” (petit sapin) pour profiter de l’épaisse couche de neige qui le recouvre. Avec lui je serais comme sous un igloo. Protégé du vent et des grands écarts de températures.
Que c’est beau la forêt sous ce grand manteau blanc ! »
« Tu sais, moi la couleur blanche, je suis habituée » dit Madame-je-veux, d’un air blasé.
“Peut-être, mais fais attention, la neige s’accumule de plus en plus et pèse sur ta branche.”
“Ce n’est qu’un détail, le poids des flocons est bien négligeable, ce n’est rien… laisse-moi me reposer” répondit l’hirondelle engourdie.
Et il en tomba un autre, et un autre, et puis encore un autre, des centaines de petits flocons, déposés un par un, dans le silence d’une nuit neigeuse…
Mais s’il est vrai qu’un flocon de neige ne pèse rien, des milliers de “rien” finissent par peser bien lourd.. et soudain on entendit craquer la branche sous leur poids ! L’hirondelle se réveilla en sursaut, à moitié ensevelie et furieuse.
« Arbre qui craque fait plus de bruit que toute la forêt qui pousse » s’exclama Muscardin en riant…
La nuit commençait maintenant à tomber sur la forêt, une nuit froide et claire où brillent des milliers d’étoiles… Mais là c’est une autre histoire !
voir ✔ Méditation sous les étoiles : bouquet de la nuit / T1✿20
