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(voir avant : le bouquet du hérisson P2✿30)
bouquet du lézard/ R3✿10 Où l’on voit qu’il ne faut pas suivre ceux qui n’écoutent que leurs caprices.
✔ fleur R3✿11 : Les trois compères
« Croa, croa , croa » faisait Bof le crapaud ; et les grenouilles mâles lui répondaient plus fort encore « Croa, croa , croa »…
Un gros lézard écoutait le concert des batraciens autour d’une mare, où les rainettes avaient hiberné tout l’hiver sous l’eau dans la vase.
De son côté, Zakou était parti, sur les conseils de Philothée, chercher quelques provisions. Il allait rencontrer là trois compères qui seront plus des camarades que des amis.
Bof demandait aux grenouilles « Vous n’auriez pas vu les hirondelles ? A ce qu’il paraît, elles passent l’hiver cachées dans la vase de l’étang comme vous. Bof, c’est du moins ce qu’on prétend…» Le crapaud ne croyait pas trop à ce qu’on disait, et il terminait souvent ses phrases par : « Bof » !
« Mais non, dit Zakou, les hirondelles sont parties avant l’hiver avec les oiseaux migrateurs. J’aurais bien voulu les suivre, d’ailleurs. »
« Bof, bof… Les grands voyages me fatiguent. Et je ne crois pas trop à ce que racontent les migrateurs. Si cela se trouve, ils font semblant de partir, et restent cachés pas loin d’ici. Bof… C’est du moins ce que prétend Azazel le serpent »
« Cela m’étonnerait, repris Zakou. Les hirondelles sont en train de revenir avec le printemps. »
« Bof, on ne sait pas vraiment si le pays lointain dont elles parlent existe vraiment. Tu l’as vu, toi ? Bof, quelle idée de partir si loin. Moi cela ne m’intéresserait pas. Bof !»
Le petit écureuil rêvait toujours d’atteindre l’horizon, au-delà de la grande forêt. Mais il n’y a que les oiseaux et les mammifères qui peuvent rêver ainsi.
« Moi j’ai les pieds sur terre, et je ne rêve jamais, dit le lézard qui se mêlait de toutes les conversations. Celui là est un drôle d’animal qui n’en faisait qu’à sa tête, et ses parents l’avaient laissé faire ce qu’il voulait. On l’appelait Quolibet.
« Reptiles, batraciens ou poissons : les animaux à sang froid ne rêvent pas. Nous, on est pragmatiques, et on ne croit que ce qu’on voit ».
« Dommage pour vous » dit Zakou. Je connais un moustique sceptique qui disait la même chose… et il lui est arrivé des problèmes avec une toile d’araignée ! »
Bof et Quolibet connaissaient bien Asmodée. Ce n’étaient pas vraiment des amis. Juste des camarades. De ceux qui ne sont pas toujours de bon conseil…
Il faut savoir aussi que Quolibet lézard était très paresseux. Il aimait faire bronzette sur un rocher près de la mare. Et se moquer des rainettes qui s’activaient autour.
« Oui, nous on suit scrupuleusement les consignes de papa-maman » dit une petite rainette qui répétait toujours ce que le dernier disait.
« Mais ces menaces de couleuvre ou de chat sauvage sont des histoires qu’on vous a racontées afin de vous tenir tranquilles, dit le crapaud. Votre vie quotidienne ici doit être bien monotone. Bof… On s’ennuie à la longue de toujours rester avec ses parents.»
« On s’ennuie à la longue de toujours rester avec ses parents…» répéta à nouveau la rainette qu’on appelait Bis.
Ces grenouilles ne restaient pas que dans l’eau. Il les voyait grimper sur les petits arbres autour, sautant même de branches en branches grâce à leurs 18 ventouses au bout des doigts (4 à l’avant, 5 à l’arrière).
« Vous êtres bien trop agitées. Cela me fatigue. On dirait que vous avez vu arriver le chat sauvage (Tybert). Arrêtez de bouger comme cela sans cesse pendant ma sieste » dit le lézard.
« Bof, elles ne font que ce que les parents leurs ont appris, dit le crapaud sur un ton désabusé. Les nouvelles rainettes se rassemblent dans les roseaux ou sur la rive. Elles ont encore un peu peur de la couleuvre d’eau, et suivent scrupuleusement les consignes de leurs parents.»
Ce n’est pas que Bis bégayait, mais la petite grenouille était incapable d’avoir ses propres idées. Elle s’alignait toujours sur ce que les autres affirmaient, répétant ce qu’elle avait entendu en dernier.
Aux yeux de Bof… tout semblait un peu nul ! « De toute façon, à quoi bon s’inquiéter ? Tout le monde voit bien que tout va mal, et ainsi va le monde. Sans rien faire. » Alors Bof se laissait vivre. En en faisant le moins possible, sans aucun idéal.
Zakou trouvait que c’était un signe de médiocrité que d’être incapable d’enthousiasme. Mais il espérait quand même faire quelques nouvelles découvertes avec ces deux compères.
Quolibet, lui, en rajoutait, suivant les dernières réflexions du crapaud. C’était un lézard libéral, selon ce que disaient les parents qui l’avaient éduqué. Ou plutôt non-éduqué. Il était tolérant avec « des idées larges ». Or c’est oublier qu’il importe peu que des idées soient larges ou étroites, mais qu’elles soient justes ou fausses !
Et il se moquait des petites rainettes qui suivent encore leurs parents, s’activant dès le matin pour trouver de quoi manger (fourmis ou moustiques).
« Moi, dit le lézard, je préfère la grasse matinée. J’attends que le soleil soit bien levé avant de faire pareil.
Je me rappelle qu’un matin, pour essayer de me faire partir en chasse plus tôt, ma mère m’avait dit qu’elle venait de trouver à l’aube une proie succulente, facile à avaler, sur un chemin pas loin.
Mais je n’avais pas envie de me lever pour autant. « Peut-être que cette proie y était depuis la veille au soir… » lui dis-je.
« Impossible, m’a-t-elle répondu. J’y suis passée encore hier soir : elle n’était pas là. Heureusement que je me suis levée assez tôt ce matin. Tu devrais te rendre compte, Quolibet, à quel point il est avantageux d’être matinal !»
Alors je lui ai répondu « Je vois surtout, que cette malheureuse proie a eut tort de se lever encore plus tôt que toi, ce matin là. Elle aurait gagné à rester dormir, comme moi ! »
Zakou n’appréciait guère ce lézard insolent. Il voulait partir à la découverte de la mare et de ses habitants. Et non pas rester là à se moquer, et dire du mal des autres.
Bis écoutait ces mauvais camarades avec plus de complaisance. La petite rainette oisive s’ennuyait un peu sur son nénuphar. Elle avait déjà essayé tous les jeux : plongeons, saute-nénuphar, ou gobe moucheron. L’après-midi était longue, et plus rien ne l’amusait.
Elle commençait à envier Quolibet, et son mauvais exemple. Bis avait envie de le suivre avec Bof, et d’entrer dans leur petite bande.
Zakou cherchait surtout à les arracher à l’oisiveté. Il pensa pouvoir les entraîner dans sa quête de graines du côté de l’étang. Mais pas sûr que ses camarades acceptent la balade.
« Allons nous promener, mais pas trop loin » dit Bof, qui s’ennuyait aussi, mais ne voulait pas se fatiguer à marcher trop longtemps.
Qui veut faire quelque chose trouve un moyen, qui ne veut pas le faire trouve une excuse.
« Moi je connais un coin tranquille où on pourra se prélasser au soleil et « faire bronzette » ajouta Quolibet.
voir ensuite
✔ fleur R3✿12 Bis la rainette qui répète l’avis du dernier qui a parlé.
✔ fleur R3✿13 La couleuvre Coronelle s’approche.