fleur R3✿21

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(voir avant : le bouquet du lézard R3✿10)

bouquet de l’étang / R3✿20 Où l’on voit où peut mener l’ivresse de la désobéissance.

✔ fleur R3✿21 : En approchant des canards

Du côté de l’étang une vie foisonnante grouillait. Voici donc comment Zakou découvrit cet endroit, ainsi que la rivière qui passait par là.

C’était un beau jour de printemps, quand le soleil dore les jeunes pousses et bourgeons tout verts. Notre petit écureuil avançait dans une clairière au sol tapissé d’anémones des bois, qui avaient surgi soudain et recouvraient tout le sous-bois d’une belle nappe blanche.

Zirezaire le moustique n’était pas loin, car il l’accompagnait aussi souvent dans ses explorations de la forêt.

Chaque année ce merveilleux tapis de fleurs blanches n’est visible que quelques semaines, au début du printemps, avant que la lumière au sol ne soit masquée par les premières feuilles du sous-bois.

« Regarde Zirezaire, on dirait que cette anémone a pivoté depuis ce matin, pour suivre comme un tournesol la course du soleil ».

« Oui, mais c’est signe d’orage, ces fleurs baissent la tête et se referment comme si c’était déjà la nuit. Elles doivent sentir que le temps devient gris, et ne veulent pas risquer de voir leur pollen perdu à cause de la pluie ».

Un coup de tonnerre éclata en effet. Et les premières gouttes ne tardèrent pas à tomber et s écouler, de feuilles en feuilles, jusqu’au sol.

Quand soudain, en plein bois… quelle ne fut pas leur surprise ! Zakou et Zirezaire entendirent des « Coin-coin » et virent descendre d’un arbre toute une famille de canards Garrot à œil d’or !

Il y avait là une dizaine de petits canetons suivant docilement leur mère, à la queue-leu-leu,.
« Mais où allez vous comme cela ? » demanda l’écureuil. « Et vous venez de ce trou en haut de l’arbre ? »

« C’est que nous ne sommes pas des Pics noirs ! dit la mère. Leur logis m’a bien servi de nid, mais je dois maintenant emmener toute ma petite famille jusqu’à l’étang. Et ils ne savent pas encore bien voler ».

« L’étang ? Je connais bien dit Zirezaire le moustique. C’est là où je suis né. mais c’est à près de deux kilomètres d’ici ! Ces canetons n’ont que de petites pattes palmées.

A leur âge, je préférerais aller jouer plutôt que d’entreprendre une telle randonnée… C’est pas une vie cela !

Les enfants, vous ne préféreriez pas cancaner en jouant, et rester ici pour faire tout ce que vous avez envie ?»

Mais leur mère répliqua « Qu’est-ce que jouer veut dire ? Est-ce n’en faire qu’à sa tête et suivre tous ses caprices ? Mais cela n’est pas toujours amusant !
Ils vont découvrir bien d’autres joies dans l’eau de l’étang. Allez, en avant ! Il nous faut y arriver avant la nuit.»

Zakou se rappela que sa mère lui disait pareil : « jouer ce n’est pas fait pour devenir esclave de ses caprices. Au contraire, et on est plus heureux à faire tout volontiers, en aimant ce qu’on fait ». Il décida de les suivre, pour aller voir ce fameux étang et ceux qui l’habitaient.

En arrivant près des roseaux, il eut la surprise de tomber sur un magnifique col vert, un canard mâle aux couleurs si éclatantes qu’il se demanda comment il pouvait échapper à ses prédateurs.

« C’est que, lui répondit le Colvert, je ne cherche pas à me camoufler. Bien au contraire, moi je cherche à attirer les regards.

Dans les roseaux se cache ma femelle, et tu viens de passer à côté sans voir notre nid qu’elle couvait !C’est qu’elle en a les couleurs, alors que moi j’attire l’attention pour qu’on se détourne d’elle. Et c’est ainsi qu’on doit savoir se sacrifier pour sa Dame ! »

Bien d’autres rencontres d’animaux l’attendaient autour de l’eau, et Zakou fut surpris de leurs différentes vies de famille. Laissez-moi vous en raconter quelques unes.

Il y a l’histoire du vilain petit canard, mais sans doute la connaissez-vous déjà ?

Zakou avait remarqué une petite oie bernache qui suivait de drôles de parents. Il faut savoir que ces grandes oies migratrices suivent le premier visage qu’elles rencontrent à la naissance, quand elles sortent de leur œuf. Et même si c’est quelqu’un d’autre que leur mère…

Mais connaissez-vous l’histoire d’un drôle de petit canard qui se plaignait de ne pouvoir rester comme un poisson au fond de l’eau ? Il se plaignait d’ailleurs tout le temps, et pour n’importe quoi, ce vilain petit canard insatisfait.

Tant et si bien qu’un jour où il rechignait encore au bord de l’eau, un épinoche rouge de colère sortit la tête hors de l’eau pour lui faire remarquer que les poissons, eux, ne peuvent ni marcher sur la terre, ni voler dans les airs comme les canards !

« Tu te plains de ne pas pouvoir nager longtemps sous l’eau comme un poisson, mais tu es pourtant mieux équipé qu’un poisson volant ou qu’un mymaride ! »

(Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais les mymarides sont de petits insectes équipés de minuscules ailes rondes et plumeuses, qui leur permettent aussi bien de voler que de nager).

Le petit canard grognon boudait toujours et répétait « Je suis bien comme je suis. Je n’ai pas envie d’être grand. Laissez moi faire ce que je veux » et il essaya d’aller se reposer sur un beau nénuphar, mais celui-ci s’enfonça alors dans l’eau.

Dommage que les végétaux ne parlent pas, se dit Zakou. Et heureusement que les bourgeons de nénuphar préfèrent s ‘épanouir au soleil et mourir en fleur, plutôt que de rester vivre en bouton un éternel hiver… Les grandes personnes savent bien des choses que les enfants ignorent encore.

 

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