Il est le présupposé à la remise des flots marrons de C-R, et correspond à un acte volontaire.
Il permet de mesurer le degré de maturité “scoute” et donc de mieux définir les jalons de la préparation a Départ R-S.
C’est une retraite, le mot est lancé. Il faut en effet de temps en temps se retirer du monde et le raid constitue une occasion extraordinaire? Dès les origines, le “voyage de 1ère classe” chez les scouts de France marquait une étape importante de cette maturité.
Le déroulement du raid est un vecteur qui va soutenir la retraite et la réflexion. Le C-R doit en effet mieux se connaître, mettre son âme à nue, ne pas se mentir.
Concrètement, le raid s’effectue en solitaire et s’étend sur trois jours et surtout deux nuits. Le rythme est soutenu mais ne doit pas être une performance sportive. Arriver fatigué, oui ; épuisé, non. Trente kilomètres journaliers semblent une bonne moyenne. Il convient d’adapter le parcours en fonction du terrain choisi et des capacités du C-R (Avoir 20 ans et marcher en Beauce n’a rien de comparable avec le fait d’envoyer un chef de 40 ans dans les Pyrénées…)
Le C-R part avec toute son intendance préparée par le parrain. Il ne s’agit pas de tomber d’inanition, mais faire bombance n’est pas du tout dans l’optique de la démarche.
Calepin, boussole, stylo et bien sûr chapelet, sont nécessaires. Le C-R reçoit une série d’enveloppes numérotées qui lui permettent de découvrir son itinéraire au fur et à mesure de sa progression, à l’image de l’existence. Cela sous-entend de la part du parrain une véritable préparation pour fixer les points de passage obligés (croquis, relevés, messages complémentaires), voire les arrêts imposés pour certaines méditations ou rencontres.
Les thèmes de réflexion proposés sont à la discrétion du parrain. Le choix ne manque pas, pourvu que la sélection s’opère selon les qualités du C-R et les caractéristiques de l’itinéraire retenu. Cette nécessité, qui va de soi, souligne à nouveau l’intérêt à ce que C-R et parrain se connaissent suffisamment.
Exemples de thèmes :
- Faire visiter un monument et réfléchir sur “l’art et l’altruisme”, “l’architecture et la Foi”, …
- devant un calvaire ou une église, le sujet peut être “l’Angelus”, “je crois”, “l’utilité de la prière”, …
- En marchant, “je suis un animal d’action” (Lyautey), “Non nobis domine, sed non nobis sed nomini tuo da gloriam” (Pauvres chevaliers du Christ, psaume 113).
- Tout ceci nécessite du temps. Le C-R, si possible, sans tente et sans montre, va découvrir la difficulté de gérer ces contraintes. La prière va devenir beaucoup plus naturelle et le respect humain s’émousser, ne serait-ce que pour demander l’heure et son chemin.
À l’arrivée chez lui ou dans un lieu propice (hôtellerie de monastère par exemple), le C-R met au propre toutes ses réflexions jetées en vrac pendant la marche. Son compte-rendu se divise en deux parties :
- La première concerne le raid lui-même : topographie, difficultés rencontrées, remarques personnelles (ô combien utiles pour le parrain!) . Une grande liberté est accordée à la forme pourvu que le fond soit riche.
- La seconde regroupe les réponses aux thèmes proposés. Cela doit être la transcription des notes prises sur le terrain et non une compilation ultérieure d’ouvrages. Spontanéité oblige.
Le dossier est remis au parrain dans les 15 jours qui suivent le raid. C’est lui qui le conserve pour la suite de l’itinéraire de Compagnonnage. Il en fait une synthèse pour l’aumônier et le C. C. afin de les aider dans leurs rôles respectifs.
Le jeune routier qui ainsi “prend la Route” après avoir goûté et accroché à la vie du Clan, pose avec ce raid le jalon volontaire qui ouvre son itinéraire de Compagnonnage. Baden-Powell ne se lasse pas de dire dans “Éclaireurs” qu’il se défend de donner des recettes, mais offrir un cadre à tout ce qui peut solliciter l’effort est bon. La Route est faite d’exigences, exigences dans le savoir et la perfection des techniques, mais plus encore exigences spirituelles qui font qu’on ne devient homme qu’avec le sens profond de Dieu.