Royaumont, ce fut aussi une assemblée, mais pas contradictoire, celle là : le magnifique Rassemblement des Chefs de la Province d’Île-de-France, organisé par le Commissaire E. de Macedo. Dans les ruines de l’abbaye construite par saint – Louis, cinq cents chefs et cheftaines sont réunis. […] Pourquoi fut-elle si belle, cette fraternelle journée ? […] Je crois que c’est tout d’abord parce que nous sommes dans la Tradition, nous sommes la Tradition. Le passé qu’expriment ces ogives et ces colonnes, nous le comprenons, nous
voulons en hériter, le prolonger, le perpétuer. Ce que ces moines ont aimé et chanté sous ces voûtes, nous l’aimons aussi, et nous le chantons à notre tour. Notre khaki ne déplairait pas à leur bure et jusque dans l’allure droite et sereine, il y a quelque chose de commun entre eux et nous. Et pareillement les chevaliers et les hommes d’armes du Bon Sergent de Jésus-Christ, il me semble que c’est très à notre aise que nous circulerions avec eux sous le cloître. Pourquoi, sinon parce qu’en tout chef digne de ce nom, il y a un chevalier, c’est trop peu dire, un croisé qui s’éveille, et, Seigneur, si notre cher Vieux Loup eût été là, quelle croisade il eût sonnée, lui, l’infatigable Pierre l’Ermite du scoutisme catholique de France !
Et puis, cette convenance réciproque des lieux et des personnes, je me l’explique encore parce que étant tradition, nous sommes aussi ordre, et nous créons cet ordre scout autour de nous. Les murs de l’abbaye royale mettaient nécessairement cet ordre dans la vie et dans l’âme de ses habitants. Le scoutisme, par la belle ordonnance des dix piliers de sa Loi que couronnent en abside ses Trois Principes, établit un ordre pareil dans notre cathédrale intérieure. Mais de même que, veuves de leurs prières, ces murailles étaient mortes et n’ont revécu quelques heures qu’au souffle de nos chants liturgiques, de même notre ordre ne serait qu’apparences sans vie si notre scoutisme, surtout le nôtre, chefs et cheftaines, cessait d’être, animé de nos prières profondes et de cet esprit religieux et militaire qui fit jadis la Chrétienté.
[…] Douaumont rayonne d’une gloire plus récente et moins pacifique. Mais là-bas aussi, sur ce ” haut lieu “, les scouts seront à leur place, le 7 août prochain, à l’inauguration du tragique Ossuaire, aux côtés du Vainqueur, notre Chef Scout le Général de Salins. Ce sera notre grand Rassemblement de l’année, et tous ceux qui peuvent comprendre, tous les Routiers surtout, doivent être là et non ailleurs, pour méditer la leçon de la mort et du sacrifice. Des égarés en prendront texte pour répéter que nous préparons la guerre, et transformer nos bâtons de campeurs en lances ou en fusils, mais peu nous en chaut. Nous ne sommes pas de ceux qui pour pardonner aux ennemis se croient obligés de renier leurs frères, et qui opposent l’humanité à la patrie. La gloire du soldat, ce n’est pas de tuer, c’est de savoir se faire tuer, et c’est pour cela que la Relève Scoute honore les morts d’hier […]Père Sevin, idées du mois dans Le Chef