fleur O5✿23

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(voir avant la fleur O5✿22 : le bain du rouge-gorge)

bouquet du coucou / O5✿20
✔ fleur O5✿23 : le retour du Geai

 
Un cri d’oiseau rauque et des reflets de plumes bleues trahirent son auteur : c’était un geai qui volait par là…

« Tiens le geai est revenu de sa longue migration en Afrique, dit Philothée. Il a beau tromper souvent les autres habitants de la forêt en se faisant passer pour une buse ou une hulotte, je l’ai bien reconnu malgré ses talents d’imitateur.

Quand il est là (de la fin du printemps au début de l’été), c’est la sentinelle des bois : son cri bruyant sert d’alarme aux autres animaux dans la forêt. »

La mère Agasse, qui écoutait de loin ce qu’ils disaient, revint sur la branche d’à côté en s’exclamant : « Je crie aussi fort que lui. Et même qu’on se dispute souvent. Car ce geai sans gêne m’a volé mon nid… Il a pondu chez moi, quel toupet ! »

C’était peut-être vraie, mais la Pie avait une fâcheuse tendance à se mêler de tout, surtout quand cela ne la regardait pas. Zakou préféra changer de sujet, car il était partie prenante de cette histoire de nid récupéré.

En effet le geai avait certes pondu dans le nid d’une pie… mais l’écureuil se l’était aussi approprié, le croyant inoccupé !La franchise ne consiste pas à dire tout ce que l’on pense, mais à penser tout ce que l’on dit.

« Les oiseaux m’ont toujours fasciné. Toi la pie, on t’a bien vu revenir avec de drôles de fils brillants… aurais-tu découvert le trésor d’un mystérieux royaume ? Je me demande comment des oiseaux migrateurs peuvent savoir où aller, sans en avoir appris le chemin.»

Philothée ajouta : « Tu as raison, comme le coucou, le petit geai part en effet tout seul, une nuit, vers l’Afrique du sud où ses parents se sont déjà envolés. 9.000 km. par étapes, avec traversée de mer et de désert…

Mais chaque année il revient à la même date, dans la forêt où il est né. La fidélité est un bon repère. Celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut savoir où il va, car il ne sait pas où il est ».

Le Geai, qui avait entendu qu’on parlait de lui, vint se poser sur une branche à côté de la pie. Il dressait sa petite crête (huppe) noire et blanche en se présentant fièrement.

« Oui, je reviens de loin. En Afrique j’ai croisé bien d’autres oiseaux, comme Philomèle le rossignol chantant si bien.

Mais sachez que le rouge gorge que vous admiriez tout à l’heure n’est pas le seul à aimer se laver. Pour être toujours propre, moi aussi je peux prendre des bains de fourmis, comme le font également les étourneaux ou les grives !

On commence par faire attention de choisir des fourmis qui ne piquent pas, et puis on se couche les ailes entrouvertes sur la fourmilière. Les sécrétions d’acide formique qu’elles projettent alors font comme un shampooing qui désinfecte et repousse les parasites des plumes…

Un bon rinçage à l’eau suffit ensuite à éliminer tous les déchets gênants pour l’entretien de notre plumage. »

« Mais on t’a vu faire des réserves de glands, et les enterrer comme moi en automne » dit Zakou.

« Oui, j’en ai piqué en terre des milliers ! Nous sommes tout deux de bons jardiniers.

C’est tout un travail qui demande de l’application. Je sélectionne d’abord les plus gros et les plus beaux, quand leur teinte indique qu’ils sont bien mûrs. Ensuite je les sonde d’un coup de bec : s’ils sonnent creux ce n’est pas la peine d’emporter ces glands parasités. »

« C’est donc toi qui a pu en fairet tomber un sur la tête du malheureux petit rouge-gorge tout à l’heure ?.. »

« Oui, j’en avais entassé une demie-douzaine dans mon jabot pour aller les déguster plus loin. Il y en a un qui a pu tomber quand je me suis envolé à tire-d’aile. D’habitude j’en garde plusieurs dans l’œsophage, et je peux les transporter loin, parfois jusqu’à 3 km ! »
 

voir ensuite
fleur O5✿24 que Zakou se propose de partager équitablement entre eux.
fleur O5✿25 Le cri du Coucou fait repartir vers leurs nids les oiseaux inquiets.

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