fleur G9✿21

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(voir avant : le bouquet de la vache / G9✿10)

bouquet du feu / G9✿20  Où l’on voit de mystérieuses lumières et le secret du feu.

✔ fleur G9✿21 : la martre et les yeux de Lampyre

“Alerte, alerte !” Zakou est aux abois, poursuivi par une martre aussi habile que souple. Courant après lui, de branches en branche.

C’était bien une martre avec son plastron jaune, et non une fouine. Sinon il aurait vu son plastron blanc comme un ventre d’écureuil.
Les martres sont de redoutables prédateurs, capables de croquer les petits écureuils au nid, ou de les poursuivre en sautant de branche en branche comme eux.

Mais Zakou est maintenant grand et sait courir vite, il lui échappe tant qu’il peut. Seule une mauvaise chute pourrait le laisser succomber sous les crocs de son ennemi mortel.

Sauf qu’il commence à fatiguer, à force de courir. Voici la nuit qui arrive, et Zakou est las de cette course poursuite qui n’en finit pas.
Épuisé, il ne faudrait pas qu’il s’endorme ! Sinon la martre pourra le retrouver en s’approchant et le croquera à coup sûr !
Il faut absolument garder les yeux grands ouverts, sinon elle va le remarquer et revenir, la sournoise… Mais comment rester éveillé quand la fatigue vous gagne ?

Notre pauvre écureuil en était là, tout essoufflé à ruminer de sombres pensées quand il aperçut des petites lumières lui apportant une lueur d’espoir.

Quelle étaient ces étranges petits éclats d’étoiles tombés à terre et dans les buissons ? Avez-vous deviné ?
Des points lumineux dans l’obscurité de la forêt… Il y en a qui parlent de vers luisants, c’est cela ! Celui là s’appelait en vérité Lampyre…

Un Lampyre volant lui rentra presque dedans, en pleine figure, attiré par le reflet des yeux de l’écureuil qui brillaient sous la lune.

« Ah tu tombes bien, petit ver luisant ! J’aimerais tellement faire comme toi : m’envoler, avec de la lumière en plus. Dis moi comment as-tu appris à voler et à éclairer en pleine nuit ?!”

“Pardon Monsieur l’Écureuil , je ne suis pas du tout un ver, mais un coléoptère carnassier, un insecte qui trotte normalement sur ses 6 pattes.

Et il n’y a que moi -le mâle- qui ait deux ailes en plus pour voler et trouver une femelle fidèle qui brille dans les nuits d’été. Nous autres les Lampyres, on nous appelle des porteurs de lanternes”.

« Excusez-moi, dit Zakou. Je vous avais confondu avec des lucioles qui clignotent comme de petits éclairs. Chez ces vers luisants, mêles et femelles font de la lumière.

J’étais poursuivi par une martre. Malgré la nuit tombée, je suis sûr qu’elle n’est pas partie bien loin.
Elle doit attendre maintenant que je ferme les yeux pour me sauter dessus avec ses dents acérées.
Mais si vous êtes carnassier, comment faites-vous sans dent ? »

“On fait comme Asmodée, l’araignée ! Grâce à mes deux mandibules bien acérées je leur injecte une substance liquéfiante, avant de manger escargots ou limaces.
Mais maintenant je suis assez grand ; à l’âge adulte, je n’ai plus trop besoin de me nourrir, un peu d’eau me suffira..”

“Ce que je trouve de fascinant, reprit Zakou, c’est cette lumière qui brille au bout du corps des lucioles. Comment faites-vous, vous connaissez le feu ?

“Non, ce n’est pas du feu. c’est une lumière froide produite grâce à de la luciférine, une graisse que les vers luisants oxydent sans aucune perte d’énergie”.

Zakou était un peu perdu dans ces détails techniques, mais ce qui l’intéressait au plus haut point, c’était de découvrir le secret du feu qui lui manquait encore.
Le lampyre avait bien remarqué à quel point Zakou en cherchait la piste. Il lui conseilla de faire attention à ne pas se tromper de priorité.

« Le désir est comme le feu : si on s’en éloigne on a froid, et si on s’en approche trop, on se brûle.
Certains mystères ne sont pas obscurs, mais aveuglent nos yeux comme en plein soleil. »

Zakou répliqua : « Dis-moi où trouver ceux qui connaissent le feu, c’est tout ce que je veux. Après cela je ne te demanderai plus rien. »

Le ver luisant dit en soupirant «  Ce n’est pas parce que tu auras enfin ce que tu cherches que d’autres désirs ne viendront pas éclipser ta satisfaction.

Prétendre contenter ses désirs par la possession, c’est compter que l’on étouffera le feu avec de la paille ! »

Mais l’écureuil n’avait guère le temps d’épiloguer ; il se rappela qu’il lui fallait d’abord échapper au danger. La martre n’était sans doute pas loin ! Guettant toujours le moment où il allait sombrer dans le sommeil, après son épuisante course-poursuite de la soirée…

Zakou eut alors une idée géniale en regardant les lucioles : puisque la martre n’attendait plus qu’une chose : qu’il ferme l’œil pour s’approcher et le dévorer, il invita deux femelles de vers luisants à se nicher dans ses oreilles !

Et la ruse fonctionna. La martre qui guettait toujours, quoique aussi fatiguée, observait de loin ces deux yeux lumineux qui la fixaient sans cesse.

« C’est bizarre, se disait-elle. Ce petit écureuil n’a pas l’air de vouloir fermer l’œil de la nuit… Comment fait-il pour ne pas avoir envie de dormir après une telle course ? .. »

Elle même était épuisée, et ses paupières tombaient aussi lourdement. Alors que sur la branche de son arbre Zakou avait l’air de la narguer toujours, avec ses deux yeux brillants (nichés dans ses oreilles). Lui pouvait dormir tranquille.

La martre finit par sombrer dans le sommeil, et fit même un drôle de cauchemar : deux yeux s’arrachaient d’une tête rousse en ricanant, et s’envolaient comme des lucioles…

Les Lampyres étaient contents du tour qu’ils avaient joué. Avant de le quitter le lendemain matin, ils mirent Zakou sur la piste des loirs et des muscardins qui disait-on, avaient vu des lumières d’Elyon, un soir d’hiver auprès d’un feu allumé par des lutins géants. “Si tu les trouves enfin, peut-être te confieront-ils leur secret…”

Pas facile en effet à trouver ces petits rongeurs. Ils sont partout dans la forêt, mais on ne les voit jamais. Si ce n’est une carcasse desséchée, de temps à autre. Le plus souvent ils attendent sous terre, et ne sortent que la nuit, et encore… quand ils n’hibernent pas !

Il chercha d’abord du côté d’un champ de blés sauvages, où il admira les épis qui sortent de terre, bien droits sur leur tige.
Une toute petite musaraigne lui parla d’un rat des moissons capable de grimper sur les épis.

«Attention de ne pas juger selon l’apparence. Certaines tiges portent fièrement leur tête bien droite, alors que d’autres s’inclinent profondément vers la terre.
Mais les premières – hautaines – ont la tête bien vide, dans leur légèreté. Alors que celles qui s’abaissent, dans leur modestie, sont pleines des plus beaux grains. »

La petite musaraigne avait passé l’hiver sans hiberner. Active même sous le manteau neigeux, en déterrant des larves, nuit et jour. C’est la plus petite des mammifères, mais elle ne mange pas de graine, elle est insectivore.

Au printemps on pouvait voir ses petits suivre leur mère en se tenant la queue. C’était mignon, cette demi-douzaine de petites musaraignes à la queue leu-leu. Mais ce n’était pas là les muscardins qu’il recherchait.

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