un devoir de Mémoire

Comme le Phare de Notre-Dame de Lorette caresse chaque nuit les immenses cimetières de ceux qui sont tombés pour leur Patrie, Il faut que Riaumont, sur la colline d ’en face, soit, par les vivants un phare de Paix et d’Amour de Dieu et du prochain.

Père Revet, en la fête de saint Joseph 19 mars 1980.

Commemoratio omnium fratrum, familiarium Ordinis nostri, atque benefactorum nostrorum
Prions pour tous nos frères ou familiers de notre Ordre, ainsi que pour nos bienfaiteurs; et qu’ils reposent en paix

Prière de l’office de Primes

Dès le 2 novembre 1919, avant même la fondation officielle des SDF, le Chanoine Cornette présida au cimetière de Bagneux une cérémonie commémorative pour les éclaireurs morts au champ d’honneur de la grande guerre, en présence des premières unités scoutes de Paris [1]cf. journal des Vaillants Compagnons de saint Michel.

Au pied de la tour saint Jean-Baptiste, la lourde porte de bois s’ouvre sur un autel surmonté d’un retable. Retable martyr, retable témoin puisque chacune des têtes en pierres de ses personnages ont été systématiquement fracassées par la haine des révolutionnaires. Là, plongé dans le silence d’un recueillement sacré, un prêtre scout offre le Saint Sacrifice de la Messe pour ses aînés morts pour la France. Pour tant des nôtres qui ont été fidèles à leur idéal, servir Dieu et la Patrie. Depuis la mort d’Efflam de Penanster, officier parachutiste, garçon et routier de Riaumont, ce sont des milliers d’autres noms que l’on recueille ici pieusement. Non seulement au cours des deux guerres mondiales, des conflits d’Indochine et d’Algérie, mais encore au Maroc, en Tunisie ou en Mauritanie, en Corée, à Madagascar et au Liban, en Centre Afrique, au Zaïre, au Cameroun, en Somalie, au Ruanda, dans le Golfe ou l’ex Yougoslavie. La liste n’est jamais close hélas !

Mais ces scouts morts en service commandé témoignent d’une certaine permanence du scoutisme, d’une générosité constante, prête à tous les sacrifices, d’un don de soi pour les autres, qui est allé jusqu’au sang versé. Par centaines nous arrivent des lettres émouvantes de familles, frère ou soeur, veuve ou parent, camarade de combat ou ancien d’une même troupe. Impressionnant faisceau de témoignages, gerbes offertes à la mémoire de grands anciens oubliés. Un jour il faudra s’atteler à en extraire ces pages magnifiques ou bouleversantes, ce testament qu’ils ont scellé par des lettres de sang. Pour l’heure, la grande quête continue. Il faut interroger ceux qui peuvent encore rendre témoignage. Il est plus que temps ! Ceux qui avaient vingt ans en 40 en ont 76 aujourd’hui. Plus d’une quarantaine de journaux ont répercuté cet appel au témoignage sous forme d’un communiqué de presse, d’articles ou de reportages.

Pourquoi ne pas chercher à faire de même dans les publications que vous connaissez ? Ainsi se sont levés, spontanément, des scouts toujours fidèles pour servir de correspondant local ou régional. Ils ont écrit et cherché à collecter autour d’eux ces témoignages menacés par l’oubli ou l’indifférence. Des groupes de Paris, de Lyon ou d’Alger, Nantes, Marseille, Le Creusot, Limoges, Le Mans, Lorient, Meaux, Dijon, de l’Alsace à la Bretagne, il n’est presque pas de ville qui ne contribue à la rédaction de ce grand martyrologue de nos groupes scouts.

Il ne s’agit pas de faire oeuvre partisane, malgré l’impudence de certains “amnésiques” … Tous nos frères scouts, éclaireurs, guides ou routiers méritent bien cet hommage de ceux qui sont fidèles aux mêmes principes, à la même loi, et sont fils de la même promesse, quelque soit leur association.

Les Éclaireurs de France, les Unionistes (protestants) et les Éclaireurs Israëlites auront aussi leur plaque gravée s’ils le désirent.

Et quelquefois, sans être au pied de la lettre “morts pour la France” , leur sacrifice est encore plus beau, désintéressé et total : scouts morts au service des autres, comme ces secouristes, ces sauveteurs victimes de leur dévouement. Ce n’est pas tant un héroïsme pour temps de guerre mais leur fidélité que la mort a scellée. Tout ceux-là méritent bien que soit recueilli leur témoignage, quitte à distinguer après coup, grâce à l’informatique, différentes rubriques. Deux ans après l’inauguration de la Grande Croix en pierre de Boulogne par le Député-maire de Liévin, les drapeaux et les scouts se sont retrouvés le 23 juin dernier à Riaumont. “Le scout est fils de France…” Qui se souvient encore de cette cérémonie à l’Arc de Triomphe, un 27 juin 1968, où les scouts de France (de Ste Clotilde) et les Éclaireurs Unionistes (Paris-Oratoire) étaient venus ranimer la flamme ?
La sonnerie aux morts a résonné de nouveau, face aux grands cimetières de Lorette et de Vimy. À l’appel de l’UNP, en présence d’une quinzaine de porte-drapeaux, le 23 juin 1996, des parachutistes français, belges et britanniques sont venus rendre hommage aux scouts tombés au champ d’honneur. À cette occasion, le Père Jean-Paul Argouarc’h, Prieur de la Ste Croix, a béni la première plaque de marbre posée sur les murs d’enceintes de ce mémorial.

À la suite de Guy de Larigaudie, on peut y lire le nom de neuf autres compagnons de la 12éme Paris (groupe Bayard), morts eux aussi au cours de la seconde guerre mondiale. De nombreux autres délégations de scouts et d’anciens combattants s’y sont succédées, comme ces vétérans Canadiens en aout 2004.

Si Dieu veut, ces premières plaque seront suivies de beaucoup d’autres, la quête reste ouverte pour retrouver dans chaque groupe, dans chaque ville nos aînés portés disparus. Ce travail de bénédictin prend beaucoup de temps, les recherches, les frais de secrétariat, l’importante correspondance, l’informatisation, les constructions, la gravure des plaques coûtent cher, d’autant que nous faisons tout par nous même, sans aucune subvention.

Certaines familles ou association d’anciens ont participé librement aux frais de ce Mémorial. D’autres ne pourraient guère, n’ayant plus de parents qui se souviennent d’eux, mais tout le monde peut apporter sa pierre à l’édifice.

Mais c’est d’abord dans la prière que les jeunes scouts, pèlerinant jusqu’à cette tour saint Jean-Baptiste, retrouveront leurs anciens. Il ne s’agit pas d’un monument aux morts comme tant d’autres. Nous autres chrétiens avons mieux à faire que l’hommage de quelques fleurs séchées. “Je crois à la communion des saints” , à ce grand courant de prières qui relie l’Eglise militante et l’Eglise souffrante ou déjà triomphante. Nous prions pour les âmes en purgatoire et demandons l’intercession des bienheureux déjà au ciel, Éclaireurs “in Patria” .

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Consultez l’index alphabétique par villes des Scouts Morts pour la France

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References

References
1 cf. journal des Vaillants Compagnons de saint Michel