fleur R3✿25

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(voir avant la fleur R3✿24 : une maison pour Bièvre)

bouquet de l’étang / R3✿20

✔ fleur R3✿25 : comme un poisson dans l’eau

Mais Zakou était bien décidé à poursuivre sa quête. Rien ne pourrait le détourner de sa recherche des secrets du Royaume. Il avait appris de Philothée que l’air, la terre, le feu et l’eau ont chacun leur mystère. Et il ne quitterait pas l’étang et la rivière sans emporter le secret de l’eau.

Petit mais têtu, il avait bien observé que, face à la roche, le ruisseau l’emporte toujours… Non pas par la force mais par sa persévérance ! Et il était fermement décidé à continuer.

Manger toujours des graines cela donne soif, et l’écureuil doit aller chercher souvent un peu d’eau. Tandis qu’il se penchait au dessus de la rivière pour boire, il entendit une petite vois murmurer : « Vivant sans souffle, froid comme la mort, moi je ne suis jamais assoiffé ; toujours buvant, dans ma cotte de mailles jamais cliquetante… »

il leva la tête pour regarder autour de lui. Personne ! Il se demandait bien de qui il pouvait s’agir. Puis il regarda vers l’eau, il se rendit compte qu’il avait oublié d’interroger les poissons, aussi discrets que nombreux.

Ce fut tout d’abord Glisselisse, la truite, qui l’initia aux mystères du monde aquatique.

Il paraît qu’autrefois, il y a bien longtemps, chacun des poissons était cloisonné dans sa mare. Mais suite à de violents orages qui durèrent 40 jours, les eaux montèrent, montèrent, et les poissons se sont retrouvés tous ensemble et purent s’installer un peu partout.

Pourtant nombre d’entre eux restèrent fidèles à leur lieux de naissance. Ainsi les anguilles qui migrent chaque automne vers la mer des Sargasses (dans l’océan Atlantique), où elles mourront toutes après y avoir pondu.

Un ou deux ans après, au printemps, des larves plates et transparentes (“leptocéphales”) remontent les rivières… ce sont leurs jeunes qui reviennent, alors qu’ils n’ont pas connu leurs parents enfants !

Pour les saumons c’est l’inverse : ils quittent l’océan où ils vivaient, pour aller frayer et pondre en remontant les rivières vers l’amont.

Zakou fut tout étonné d’entendre qu’il y avait aussi des poissons migrateurs.

« Sais-tu qu’il existe un lac si vaste qu’on ne voit pas ses limites à l’horizon ? » lui dit Louglou le saumon.

« Oh oui, j’y crois. Les oies sauvages m’en ont parlé quand j’étais petit. Je quitterais volontiers tout mes jeux pour aller le voir » répondit l’écureuil émerveillé de ce que le saumon lui disait.

« Tu ne connais donc pas l’Océan ? » s’étonna Louglou. « J’aimerais bien, mais est-ce encore loin dans la forêt ?» demanda Zakou.

« C’est encore bien au delà ! On y arrive quand la rivière s’élargit et change de goût, à cause de celui qui vient de l’eau et disparaît dans l’eau… »

Mais l’écureuil ne comprit pas que Louglou parlait du sel !

« Tu m’as l’air d’être un bon petit gars, qui sait écouter la sagesse des anciens. Alors je vais te raconter une histoire Zakou, j’ai connu un petit poisson incroyant qui prétendait ignorer tous les dangers : ” La mort ? Je n’y crois pas ! Personne n’en est jamais revenu pour nous dire si elle existe… ” Cela a l’air idiot, mais c’était un esprit fort qui aimait jouer à la surface de l’eau.

Ses parents avaient beau dire ” Attention, si tu remontes souvent trop près de la surface, un Martin-pêcheur plongera t’attraper et on ne te reverra plus jamais dans notre eau “.

Il répondait toujours : ” Qu’en savez-vous ? Personne n’en est jamais revenu ! La mort est peut-être une invention pour faire peur aux enfants ! “. Et bien sûr, il a fini dans le gosier d’un de ces oiseaux pêcheurs.

Mais toi qui sait écouter, sans interrompre tout le temps, tu m ‘as l’air différent. Je vais te confier une piste pour ta quête : si tu veux entendre ce que dit l’eau, il faut entendre le grand cerf aux bois de sang quand il vient s’abreuver.

Je sais où il se désaltère : poste-toi derrière ce rocher plein de mousse là-bas, et attend que le soleil se lève. »

Et le saumon replongea, laissant seul notre petit écureuil, fermement décidé à guetter ce mystérieux cerf “aux bois de sang” dont on lui avait déjà parlé.

La journée passa vite. En fait Zakou n’était pas seul. Il y avait plein d’autres poissons qui passèrent, et toute une vie cachée sous l’eau.

Il finit par remarquer un poisson immobile au milieu des cailloux : un chabot dont la peau était plus ou moins foncée selon là où il se cachait.

Avec ses nageoires il entretenait un petit courant sous une pierre où était le nid de ses petits. Il est rare que les parents-poissons s’occupent de leurs alevins. Mais ce mâle Chabot gardait bien sa famille.

voir ensuite

fleur R226 apparition du grand cerf
fleur R227 Quolibet et les interdits empoisonnés

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