fleur P2✿23

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(voir avant la fleur P2✿22 : Rencontre avec Dyna)

bouquet de la chenille / P2✿20

✔ fleur P2✿23 : Sans crainte des moqueries

Bof, quand à lui se moquait toujours d’elle. Et très sûr de lui il déclara « C’est comme si Zirezaire le moustique voulait atteindre la cime des arbres. Il est mathématiquement prouvable qu’il ne pourra jamais atteindre sa cible tout en haut.
En effet si on calculait la distance qu’il reste à chaque instant… cette distance diminue mais resterait divisible par deux, toujours et encore, donc indéfiniment ! C’est pour cela que je dis qu’il n’y arrivera jamais. Et toi encore moins, petite chenille de rien du tout ! »

Mais ce genre de raisonnement n’impressionnait pas Dyna. On lui avait appris que ” le plus grand arbre est bien né d’une toute petite graine “. Il ne faut pas se fier aux apparences.
J’avance comme celle qui s’allonge et raccourcit en même temps. Ainsi va la vie ! » disait elle.
Et encore et encore Dyna recommençait sa petite ascension. “Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage”. Quand on est trop lent, il faut savoir s’accrocher pour persévérer. Alors elle continuait à monter, sans prêter attention aux paroles de découragement. Préférant chantonner sa petite rengaine : “Grimpe et marche la chenille… sans jamais abandonner !”…
« Regarde le chèvrefeuille qui s’enroule comme une laine autour de la tige à côté, fit remarquer Dyna. Il monte sans cesse, sans se préoccuper de ce que disent les autres de lui ».

Zakou lui répondit qu’il aimerait bien que les végétaux aient la parole, pour leur demander s’ils étaient libres de choisir ce qu’ils faisaient.

« Les végétaux sont des êtres sensibles qui ont leur propre langage. Mais ils n’ont pas le choix, ils sont gouvernés (programmés) comme par leur instinct repris la chenille.

Tu n’as pas remarqué que le chèvrefeuille des bois s’enroule toujours de gauche à droite (dans le sens des aiguilles d’une montre) ? »

Si elle n’apparaissait pas très belle, Dyna était sage et quelque peu rêveuse.
Elle songeait au jour où elle pourrait découvrir le vaste monde en reprenant une mystérieuse prophétie qu’un jour un oiseau migrateur lui avait annoncé : « Au delà des 7 montagnes et des 7 lacs, il y a 7 arbres de 77 ans. Et sur le 7ème embranchement de la 7ème branche du 7ème arbre, il y a 7 feuilles et 7 bourgeons… dont le 7ème repli te révélera une surprise ! » Quel mystérieux destin l’attendait ?

Elle continuait à espérer qu’un jour, en haut de sa tige, elle s’envolerait vers cette horizon inaccessible. Alors la chenille montait, montait, montait toujours… jusqu’à ce que la tige plie et qu’elle se retrouve par terre !

« La seule raison d’un obstacle, c’est d’être surmonté » se disait-elle. Et elle recommençait sans se lasser, tout en chantant sa drôle de petite chanson (qu’il faut que je vous apprenne absolument, pour les jours de découragement…)

La chenille persévérait tout au long du jour. Zakou avait remarqué des fleurs qui l’accompagnaient comme une horloge d’heure en heure Tôt le matin, vers 6h. c’était le pissenlit qui s’était ouverte. Alors que la fleur Dame-d’onze-heures avait attendu 11h. (comme d’habitude…). Il était maintenant près de 16h. et le liseron se fermait, alors que vers 18h. ce sera au tour de la Belle de nuit de s’ouvrir…

Bof en avait assez de la voir passer sous son nez. « Tu sais qu’on pourrait facilement te croquer, lui dit le crapaud. Trop lente pour t’enfuir, tu ne ferais qu’une bouchée, pour moi. »

« Oui, je sais. Nous les chenilles on a de nombreux prédateurs – à commencer par les oiseaux – mais on essaie de se cacher sous certaines parties des plantes. De se camoufler en ressemblant à des brindilles, ou au contraire prendre des couleurs bien voyantes, imitant ce qui a mauvais goût aux yeux des oiseaux. Et puis certaines ont un pelage tellement piquant qu’elles sont indigestes ! »

« Moi j’ai remarqué, ajouta Zakou, que souvent les plus beaux oiseaux sont les pires chanteurs… Ceux qui chantent le mieux sont souvent ceux qui ne portent qu’un plumage ordinaire, comme par exemple le merle, la grive, l’alouette et le rossignol !.. “Trompeuse est la beauté. Juger selon les apparences, c’est juger un arbre sur son écorce.” »

« Les oiseaux ? Cela ne sert à rien, répliqua Bof. Ils chantent toute la journée et dès qu’ils sont en difficulté… ils s’envolent !

Si tu veux absolument monter plus haut que les arbres, “monte sur le dos de celle qui jamais ne pousse !” »

Zakou ne savait pas de quoi le crapaud parlait. Mais Dyna avait compris et elle demanda à Bof s’il connaissait « ce qui est aussi grand que la montagne, et pourtant plus léger qu’une plume ».

Les crapaud fuient toujours la lumière du soleil, et préfèrent l’obscurité humide. Alors il ne comprit pas qu’elle évoquait : l’ombre d’une montagne (ombre immense mais sans poids)…

 
voir ensuite
fleur P224 épuisée elle parue mourir, mais se métamorphosa en papillon,
fleur P225 et lui a appris sa chanson.

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