fleur P2✿31

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(voir avant : le bouquet de la nuit T1✿20)

bouquet du hérisson/ P2✿30  Où l’on voit que même des blessures secrètes peuvent cicatriser.

✔ fleur P2✿31 : Pic, Piqua, Piquon

C’était le début de l’été, le jour durait plus longtemps et les nuits étaient plus courtes. Zakou discutait ce soir là avec Philothée, comme il aimait le faire souvent en haut d’un arbre.

« Je commence à connaître pas mal de secrets du Royaume, à force d’explorer la forêt » dit l’écureuil.

« Tu devrais savoir par cœur les bonnes maximes que t’ont enseignées tes aventures » reprit la chouette. Mais celui qui sait écouter apprend toujours : il te reste bien des choses à découvrir encore. »

« Dis-moi ce que je dois encore découvrir. Et j’y ferai attention lors de mes prochaines rencontres ».

« Sauras-tu par exemple découvrir ce qu’il y a de plus fragile au monde, de plus sûr au monde, et de plus beau au monde ? »

« … de plus fragile, de plus sûr, et de plus beau. » répéta l’écureuil, pour bien mémoriser.

« Mais ne sois pas toujours pressé, on n’apprend pas la vie en un jour. Rien de grand ne se fait vite. Il te faudra du temps et de la persévérance » répondit la chouette.

Zakou, insouciant, était déjà reparti jouer de branches en branches, sautant d’un arbre à l’autre, en laissant là la sage chouette. Il bondissait, se rattrapant au dernier moment avec ses petites griffes et grâce à sa queue en équilibre. Il se voyait déjà comme un écureuil volant, planant dans les airs.

Quand soudain il glissa et dérapa sur l’écorce, jusqu’à tomber par terre au milieu d’un tas de feuilles mortes !

« Ouille, ouille, ouille… Aïe, Aîe, Aïe… Mais qu’est ce que c’est que cela ? » Ce n’était pas sa chute amortie dans les feuilles qui lui faisait mal, mais des piquants qui lui rentraient dans les fesses, comme s’il s’était assis sur une bogue de châtaignier toute dure.

« Mais qu’est-ce que vous faites là dessous ? » demanda l’écureuil en découvrant un gros hérisson.

«Pardon, mais c’est à moi de vous demander qu’est-ce qui vous a pris de me tomber dessus, alors que je me promenais tranquillement avec mes enfants, répondit la maman Hérisson. On m’appelle Madame Pique. Plus besoin, me semble-t-il, de vous expliquer pourquoi ? »
« Oui je pense avoir compris », dit en maugréant Zakou, auquel il en cuisait encore de reconnaître sa chute.

« Je suis la maman de Pic et j’ai trois fils : Piqua, Piquon… et comment s’appelle le dernier ? »

« Euh, Pic ! mais c’est aussi votre nom de famille… Votre troisième fils s’appelle alors Pic Pique ? »

« Parfaitement ! Et Pic, Piqua et Piquon avaient aussi des frères et sœurs. Mais parlons d’autres choses, cela me fait trop de mal d’y penser à chaque fois.  D’où viens-tu petit écureuil ? »

« J’ai quitté le nid familial en quête des secrets du Royaume, et je parcours depuis la forêt, accompagnée par Philothée la sage chouette, et d’autres amis. »

Et c’est ainsi que, peu à peu, Zakou fit la connaissance avec Pique la maman hérisson ; et qu’il ne tarda pas à s’en faire une nouvelle amie. Elle était capable de parcourir de longues distances en courant sur ses petites pattes, et avait un cœur d’or sous son air peureux.

Comme tous les hérissons, elle dormait beaucoup dans la journée, partant en chasse la nuit. Pique savait grimper, chuter, et même très bien nager. Et quand elle attrapait limaces ou vers de terre, c’est par dizaines qu’elle en mangeait !

Pourtant, Zakou remarqua qu’elle avait souvent des moments de mélancolie. Surtout quand elle regardait grandir ses petits.

Leur père les avait abandonné, et à la naissance Madame Pique les nourrissait avec ses cinq paires de mamelles. Piquons, Piqua et Pic étaient nés couverts d’une centaine de piquants, mais tout blancs et mous. Très vulnérables et bien repérables avec leurs “piquants de lait” encore trop petits.

« Les fautes comme les petits hérissons naissent sans dard, mais c’est ensuite que nous ressentons leurs blessures » disait leur maman, comme si elle portait un lourd secret.

Cachez une erreur… et prévoyez le malheur ! La rouille ronge le fer, et les chagrins, le cœur.

voir ensuite
fleur P232 qui avait connu un drame avec le cochon sauvage
fleur P233 Goupil et les piquants du hérisson
fleur P234 malgré le venin d’Azazel

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