fleur 0✿12

(voir avant la fleur 0✿11 : enfance au nid)

Histoire de l’enfance / 010

✔ fleur 0✿12 : le moustique zozotant

« Ze zuis sur que tu vas zoublier pleins de tes cazettes avec ces réserves pour l’hiver » lui dit à l’oreille un insecte zozotant.

C’était Zirezaire le moustique, qui traînait par là. Ce n’était pas vraiment un ami, disons plutôt un camarade. La mère du petit écureuil préférait que Zakou aille avec les abeilles ou la chouette, mais Zirezaire le moustique revenait souvent, se mêlant un peu de tout avec un air de tout savoir.

« Zusqu’à 30 zentimètre sous terre ! Malgré ton flair ze zuis sur que tu vas zoublier où tu as mis tes provisions » répéta le moustique.

Mais ces graines ne seront pas perdues pour tout le monde. Beaucoup germeront grâce aux écureuils jardiniers qui les planquent, et les plantent…

Face aux allégations du moustique Zakou eut d’abord un mouvement de dédain avec son grand panache roux. L’écureuil était très fier de sa queue, presque aussi longue que le reste du corps. Avec sa belle fourrure vair, elle faisait office d’édredon la nuit et d’ombrelle l’été.

Il s’en servait pour exprimer ses émotions. Et surtout c’était un précieux balancier pour ses sauts d’équilibriste. Il pensait même pouvoir arriver un jour à voler grâce à elle… Mais deux ailes sont nécessaires pour s’élever dans les cieux, une seule n’y peut suffire !

« On m’a dit que c’est grâce au souffle mystérieux de Ruah, qui soutient le monde que certains peuvent voler. Voudrais-tu m’apprendre à m’appuyer sur l’air pour voler comme un oiseau ? demanda Zakou.

Zirezaire le moustique se moquait bien de cette croyance ; il préférait jouir de la vie en passant le temps à batifoler, suivant ses caprices. Pas question pour lui de partir au loin à la quête d’un hypothétique au delà.

« Viens donc zouer avec moi. Ze t’ai vu ezayer d’apprendre à sauter de branzes en branzes. Moi ze sais voler, dit le moustique. Si tu veux que ze t’apprenne, rezoins moi sur le grand pin, au coin du bosquet des sapins. »

Heureusement Zakou savait reconnaître un pin d’un sapin. Les deux conifères ont bien des aiguilles vertes, mais fort différentes.

Quand on froisse les aiguilles arrondies du sapin elles sentent une odeur d’agrume, et on les reconnaît facilement avec les deux raies blanches sur leur dessous. Ce sont en fait deux rangées de minuscules ouvertures (des stomates) servant à sa respiration et transpiration du sapin.

Les cônes de sapins sont dressés sur les branches au sommet, et ils se désarticulent dès l’automne. Mais lorsqu’on trouve des cônes entiers sur le sol, il s’agit presque toujours de ceux d’un épicéa qui, eux, pendent des branches à l’envers.

Quand au pin, ses longues aiguilles sont beaucoup plus clairsemées. On le reconnaît aussi à son écorce en haut qui devient presque orange.

Zakou avait entendu parler d’un lointain cousin qu’on appelait l’écureuil volant, capable de planer en faisant de grands bonds en l’air.

Sur les conseils de Zirezaire, il grimpa tout en haut d’un pin pour essayer d’apprendre à voler comme lui.

« Regarde, ze bat des zailes très vite, tu n’as qu’à faire comme moi. Allez hop, jette toi dans le vide.»

Et Zakou s’élança de l’arbre en remuant ses petits bras… ll passa en tombant au niveau d’une première branche, et le moustique l’encourageait en disant : « Regarde, tu es bien vivant entrain de voler dans l’air ! »

Pour l’instant ça va, lui dit-il en passant au niveau de la deuxième branche… Pour l’instant ça va, lui dit-il encore en passant au niveau de la troisième…

« Super, ça va toujours !» répétait-il en tombant au niveau des branches suivantes.

« Il ne faut pas écouter ceux qui te racontes que c’est dangereux… En réalité c’est très amusant de sauter comme cela dans le vide.

« Pour l’instant ça va », répétait-il en chutant du haut du grand sapin. Pour l’instant ça va toujours » disait-il encore en passant au niveau de la dernière branche au dessus du sol ! Mais à l’instant d’après…

Badaboum… Aïe, aïe, aïe. Heureusement qu’il y avait un tas de feuilles mortes pour amortir un peu sa chute. Il en sortit vivant, mais il lui fallut des jours et des jours pour s’en remettre. Sa maman le soigna au nid. Elle lui appris aussi à tirer la leçon de sa dangereuse expérience. « On ne commande la nature qu’en lui obéissant.»

Le moustique abandonna Zakou quelques temps, le laissant se remettre, mais ne semblait pas gêné de ce qui s’était passé. Il mit la responsabilité de cette chute sur le fait que l’écureuil avait du trop manger.

« J’ai déjà croisé volant en l’air un petit acarien à 2 pattes nommé l’Eriofie. Tellement petit et léger que c’est le vent qui le transportait. L’écureuil était sans doute trop lourd ».

Dans son enfance le jeune Zakou aimait souvent jouer en se chamaillant avec ses frères et sœurs.

« C’est mon morceau de noix ! »

« Non, c’est la mienne ! »

Mais qu’est-ce qui ressemble le plus à une moitié de noix, sinon l’autre moitié ?..

Et pourquoi ce qui commence en souriant se termine parfois en pleurant ? C’est peut-être qu’on ne fait pas assez attention à l’autre. Quand le jeu ne le fait plus rire, et qu’on continue quand même, alors cela devient méchant et l’égoïsme gâche tout.

« Pourquoi tu as fait ceci ?

Parce qu’on m’a fait cela… 

et : « Pourquoi tu as fait cela ? Parce qu’on m’a fait ceci avant… »

On glisse ainsi facilement dans le cercle vicieux de la vengeance où s’enlisent les mauvais joueurs.

voir ensuite

fleur 013 échanges avec Philothée la chouette, bonne observatrice
fleur 014 le secret de l’air par ceux qui savent voler.

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