Ecuyers de Riaumont

 

Oyez, oyez bonnes gens, la très véridique et magnifique histoire des écuyers d’Aureaulmont.
Je vais vous conter ce soir la chanson de geste des garçons de Riaumont, les us et coutumes du “Cercle Louis de Coutes. ”
Les visiteurs qui pénètrent dans notre village médiéval (construit depuis 1960 …), sont souvent saisis par un certain esprit de chrétienté et de chevalerie qui y règne. Il se disent frappés, par exemple, des nombreux écus accrochés tout autour de nos salles à manger de Godefroy de Bouillon et Baudoin IV de Jérusalem. Toutes ces couleurs éclatantes, aux formes variées, alignement de lions Bayard, de cors de Roland, d’aigles Du Guesclin etc.

C’est parce que notre Sire Jésus-Christ veut, spécialement enluminer le royaume de France, de Foi de Sapience et de Chevalerie que les rois de France s’accoutumèrent à porter dans leurs armes la fleur de lys peinte par trois feuilles, afin qu’elles disent à tout le monde : Foi, Sapience et Chevalerie sont par la provision et par la grâce de Dieu plus abondamment en notre royaume.

Sénéchal Joinville XIII siècle.

Comme l’expliquait déjà le Sire de Joinville au temps du roi saint Louis, Foi, Sapience et Chevalerie, enluminent abondamment à Riaumont notre projet pédagogique. Ce pourrait être même les trois axes expliquant les caractéristiques de notre éducation.
Dieu d’abord, ” premier servi “, comme nous le rappelle Jehanne d’Arc, patronne secondaire de la France, béatifiée en un siècle laïciste qui veut séparer l’Etat de l’Eglise, l’éducation de la foi est bien sûr primordiale à Riaumont, car il en va du bonheur de chacun pour l’éternité !

“Sapience” a la saveur des mots de l’ancien français et désigne une certaine sagesse qui est à la base de l’équilibre d’un caractère prud’homme. À l’école St Jean Bosco, il ne s’agit pas seulement de préparer au brevet des collèges, mais d’acquérir tous les savoirs nécessaires à l’école de la vie, pour bien s’y conduire ” avec sapience “. Baden-Powell rappelait souvent à ses ” scouts-masters ” qu’ils n’étaient pas des ” schoolmasters “, tant il est vrai que l’éducation est plus vaste et plus exigeante que la seule instruction.

“Chevalerie” enfin, car selon nos fondateurs, ” notre esprit est un esprit de croisade, ou bien nous n’y sommes plus” (Père Sevin, Le Chef, janvier 1933) . Le scoutisme nous appelle à ce ” sursum corda ” d’un idéal généreux sur la voie du plus grand service. Esprit de chevalerie qui entraîne à servir avec droiture et noblement, qui place la force au service du plus faible, comme pour le pauvre et l’orphelin.

Etre garçon de Riaumont est donc un titre de noblesse, de cette noblesse racée qui sort de la masse et non d’une élite héréditaire. C’est un peu ce que veulent matérialiser ces armes héraldiques, gravées et peintes sur leurs écus grandeur nature. Mais il ne faut pas se payer de mots et prétendre trop vite être un nouveau ” chevalier de France”. Il s’agit d’abord, à cet âge, de gagner le titre d’Ecuyer à Riaumont. En portant ainsi l’écu, le jeune garçon prend aussi rang dans la lignée de ceux qui l’ont précédé, et il aimera y laisser sa marque dans la galerie des anciens de Riaumont.

Mais comment s’y prendre, quand un nouveau arrive et veut rentrer dans le jeu de cet appel de chevalerie ? Appel, d’une chevalerie éternelle qui ne peut pas mourir, Appel qui remonte du fond des âges dans le cœur de la jeunesse comme l’écho lointain du cor de Roland dans les montagnes de Roncevaux…

Il faut d’abord se composer des armes, c’est-à-dire un dessin armorié selon les règles de l’art. Pour qui respecte l’unique limite que constituent les émaux et les métaux, l’effet rendu des couleurs sera toujours très beau. Quant à la stylisation des motifs, l’album de Pierre Joubert (aux éditions Ouest-France) offre une mine de dessins superbes, faciles à agrandir ou décalquer.

Le premier travail consiste donc à rechercher avec l’enfant quelles figures il va y mettre. Il s’agit d’exprimer en langage héraldique quelque chose d’une personnalité, de son nom (armes parlant comme un rébus), de ses origines (pays, ville) ou de son saint patron par exemple. Chaque blason sera une œuvre originale et unique, comme chaque enfant, et si l’on s’inspire d’armes de famille, on prendra soin de les personnaliser (deux frères pouvant être ensemble à Riaumont) .

Ce choix des motifs donne lieu à un intéressant travail de recherche. C’est toute une personnalité qui naît et s’exprime par le langage héraldique, avec la puissance de l’image et des symboles. Qui dira que la psychothérapie est inconnue à Riaumont ?
Au village d’enfants de Riaumont, le système des patrouilles porte le nom d’escouade. Chaque escouade porte le nom d’un héros de France (Roland, Joinville, Duguesclin, Bayard, de Maud’huy, de Lattre) et possède sa couleur et sa Propre forme d’écu.

Une fois dessiné sur sa planche d’essai, les armes sont pyrogravés avant d’être peintes. Mais avant de passer à ce stade, qu’on dénomme “jouvenceau”, le futur écuyer devra montrer qu’il n’est plus un vulgaire “crapaud”, en faisant preuve de son intérêt pour tout cela. Il doit s’être choisi une devise personnelle, savoir reconnaître les blasons des provinces de France et être familiarisé avec la vie de notre patronyme Louis de Coutes, 15 ans, porte étendard de Jehanne d’Arc.

Le cercle Louis de Coutes se réunit alors publiquement en Table Ronde pour l’admission du jouvenceau qui pourra peindre son blason et le porter (à l’envers) jusqu’au jour du Montjoie. Car il y aura encore une dernière étape à franchir pour pouvoir porter droit cet écu sans démériter. Il faudra d’abord faire preuve de persévérance pour mener à bien toute cette initiation, choisissant les armes de son futur blason, le dessinant grandeur nature sur une planche de bois découpée, pyrogravant et peignant soigneusement, en fixant les poignées et écrivant au dos tout son blasonnement.

Ces blasons, pour le garçon de Riaumont sont signes de leur personnalité. Ils les accrochent à leur bureau en classe et les. bonnes notes scolaires elles-mêmes, peuvent contribuer à le décorer : converties (au-dessus de 12/20) en autant de ” bonnes pointes “, elles tapissent le flanc des écus en un blindage du plus bel effet.

Il serait décevant, à terme de recevoir cet écu sans quelque solenité. C’est pourquoi, la cérémonie secrète du Montjoie accueille définitivement le nouvel écuyer dans le cercle ” Louis de Coutes “. Que dire alors sur ce Montjoie que tant de mystère et d’histoire environnement ? On sait seulement qu’avant de connaître le secret du Tau, il faudra affronter un mystérieux chevalier noir et autre épreuves… Mais la crypte cachée n’est-elle pas une légende ?

Bien des années plus tard, les anciens écuyers qui reviennent sont fiers de montrer encore leur écu accroché à Riaumont. Certains font de même chez eux et composent des armes pour les membre de leur famille. C’est ainsi qu’une tradition demeure vivante et se transmet pour préparer aussi la chevalerie du troisième millénaire.

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